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Une approche inhabituelle

Antwerp
Opera Vlaanderen
03/15/2025 -  et 19, 20, 21, 23, 25, 26, 27 mars (Gent), 3, 4, 5*, 6, 8, 9, 10, 11, 12 avril (Antwerpen), 14, 15 juin (Lille) 2025
Romeo + Julia
Marcos Morau (concept, chorégraphie), Serge Prokofiev (musique)
Dansers Opera Ballet Vlaanderen
Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Gavin Sutherland (direction)
Max Glaenzel (scénographie), Bernat Jansà (lumières), Silvia Delagneau (costumes), Lukas Hellings (électronique)


(© Opera Ballet Vlaanderen/Danny Willems)


L’Opéra des Flandres possède un excellent corps de ballet et programme chaque saison plusieurs spectacles de danse moderne. Voici une production importante de Roméo et Juliette (1938) de Prokofiev, avec pas moins de dix‑sept représentations à Gand et à Anvers, complétées par deux dates, en juin, à l’Opéra de Lille.


Marcos Morau, qui a signé il y a quelques années une mise en scène d’un autre ballet illustre, La Belle au bois dormant, en propose une interprétation personnelle, et assez intéressante, d’une puissance expressive et visuelle telle qu’elle incite à pardonner l’utilisation, par instants, de sons électroniques assez perturbants, voire agaçants. C’est qu’entre temps, un vrai orchestre joue, ce qui mérite d’être précisé : il existe, en effet, tant de spectacles de danse sur de la musique enregistrée, comme, justement, cette Belle au bois dormant controversée. Cependant, malgré les mérites de l’orchestre, bien dirigé par Gavin Sutherland, un chef spécialisé dans le ballet, le volet musical de ce spectacle ne suscite pas vraiment de grand enthousiasme. D’ailleurs, il semble que certaines pages du ballet aient été écartées, ou déplacées.


L’essentiel réside en effet dans la chorégraphie de Marcos Morau et la scénographie de Max Glaenzel, qui possèdent une belle et forte identité. Le noir domine, les costumes unisexes, les hommes apparaissent en robes, portant tous cette couleur, avec un peu de blanc et, mais un peu moins, de rouge. Une palette vraiment réduite, mais qui renforce la cohérence et le sens de ce spectacle. Les vitraux et les fenêtres, qui apparaissent un peu comme des ombres chinoises, suggèrent la Renaissance, mais de façon simplifiée. Cela suffit pour suggérer un temps et un lieu.


Mais ce qui constitue la grande particularité, c’est l’absence de signe distinctif entre les clans antagonistes, même si la chorégraphie traduit le conflit et la confrontation. La figure aussi de Roméo et de Juliette n’apparaît pas non plus comme attendu. En réalité, tout se déroule devant les yeux des futurs amants, ici encore des enfants. Marcos Morau déplace ainsi le récit bien avant celui au sein duquel évolue le couple au destin tragique. Le chorégraphe conçoit dans cette production la danse collectivement, sans protagoniste principal, sans rôle bien défini. Paradoxalement plus fluide qu’abrupte, celle‑ci traduit ainsi davantage le conflit, la lutte, que les sentiments amoureux, avec des effets de tension, et de détente, d’accélération, et de ralentissement, qui conduisent à de superbes tableaux, avec quelques figures symboliques, le cercle, le cheval, le feu, le rideau, notamment, explicitées heureusement brièvement en anglais dans le programme, afin d’en faciliter la compréhension.


Il fallait donc bel et bien s’attendre à une approche originale et personnelle, en tout cas inhabituelle, comme l’indique déjà le nom de cette production, un « + » remplaçant le « et ».



Sébastien Foucart

 

 

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