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Plus qu’un concert, une performance

Paris
Cité de la musique
04/03/2025 -  
Richard Strauss : Métamorphoses
Francis Poulenc : La Voix humaine

Philharmonique de Radio France, Barbara Hannigan (soprano, direction, mise en espace)
Clemens Malinowski (vidéo, mise en espace), Denis Guéguin (mise en espace)


B. Hannigan (© Cyrus Allyar)


Métamorphoses de Strauss, La Voix humaine de Poulenc : adieu à la culture allemande, adieu à l’amant. C’est un concert des adieux que dirige Barbara Hannigan à la Cité de la musique. Rien de nouveau d’ailleurs : le concert a été donné il y a quatre ans à Radio France. Sur le papier, le rapprochement peut séduire, mais la transition, sans entracte, entre les deux œuvres ne va pas de soi. On ne passe pas naturellement des dernières mesures de Strauss, où apparaît pour une ultime fois le thème de la Marche funèbre de l’Héroïque de Beethoven à la sonnerie du téléphone dans l’appartement de la femme abandonnée. Cela dit, la Canadienne aux cheveux d’or dirige les Métamorphoses d’un geste sûr, obtenant des vingt‑trois cordes solistes du Philhar’ une sonorité d’une belle homogénéité, même si on la souhaiterait plus veloutée. Et la conduite un peu droite du discours bride un lyrisme que l’on souhaiterait plus généreux. Stravinsky lui convient mieux.


De toute façon, l’attraction du concert résidait dans sa seconde partie, avec cette Voix humaine à la fois chantée, jouée et dirigée par la même Barbara Hannigan. Une performance, qu’il faut considérer comme telle, comme un « en soi » – la performance ressortissant aussi à l’exploit. Qu’on ne comparera donc pas à un concert traditionnel, à l’instar de celui donné la saison dernière par Véronique Gens et Alexandre Bloch. Face à ses musiciens, dos au public, vers lequel elle se tourne parfois, son visage se projette sur un écran, parfois démultiplié. La vidéo de Clemens Malinowski crée des ambiances dignes du cinéma de l’entre‑deux‑guerres, l’expressionnisme des gros plans mettant à vif les blessures du cœur navré par la rupture. Au‑delà de ce visage, tout le corps est sollicité, en un jeu presque chorégraphique.


On est fasciné par ce concert spectacle où l’orchestre n’est plus un partenaire, mais le prolongement de la voix. Une voix sonorisée, certes, assez grise, qui ne peut sculpter les mots comme elle le faisait dans la production de Krzysztof Warlikowski à Bastille, alors que l’orchestre ne donne sans doute pas autant que si la direction et le chant étaient dissociés. Encore une fois, il faut juger ce concert autrement, en en acceptant la singularité. Et tirer sa révérence : tout cela implique une maîtrise absolue de la respiration dans un rapport nouveau à la voix et au corps, de la voix et du corps. A voir aussi sur YouTube, même si rien ne remplace l’émotion du live.



Didier van Moere

 

 

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