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Wagner 0, Beethoven 1

Montpellier
Le Corum-Opéra Berlioz
07/24/2002 -  

Richard Wagner : Symphonie en ut Majeur

Ludwig van Beethoven: Le Christ au Mont des Oliviers, oratorio pour solistes,choeur et orchestre

Aleksandra Zamojska (Séraphin), Paul Groves (Jésus), Daniel Borowski (Pierre)


Orchestre National de France, Choeur de Radio France : Marc Minkowski (direction)




Nul doute que si Meyerbeer avait titillé le genre symphonique, il aurait commis une sinfonietta enfatica pompierosa motorica d'une toute autre dimension que ce bizzaroïde capharnaüm indigeste concocté par Wagner. Il est surprenant de constater à quel point le plus démiurge orchestrateur «opératique» du 19 ème siècle est un aussi piètre symphoniste. Certes, l'on serait tenté d'accorder une indulgence particulière devant une si petite oeuvrette de jeunesse composée à dix-neuf ans, qui ne laisse en rien augurer du Génie Wagnérien à venir. Mais que l'on écoute les premiers opus de Mendelssohn ou ce qu'un gamin ultra doué nommé Korngold étaient capables de créer au même âge et l'on sait gré à l'auteur de la Tétralogie de ne pas avoir réitérer ce lamentable exploit.


Il est pratiquemment impossible de deviner, dans ce ramassis d'harmonies creuses, éteintes , invertébrées les prémices des immatériels murmures sylvestres de Siegfried, ou les fluviaux interludes symphoniques de cette luxuriante et monumentale Symphonie en trois mouvements, précédée d' un prologue ondin, à savoir l'anneau du Nibelung. Et on ne parle pas de l'ésotérisme onirique de l' Enchantement du Vendredi Saint dans Parsifal. Ainsi, du fade Sostenuto e maestoso au vulgaire Allegro molto e vivace, rien n'est sauvable dans cet agglomérat de notes qui se battent en duel. La charpente structurelle est un hétéroclite et composite matériel de récupération (du Schubert et du Beethoven falsifiés, lyophilisés),et faits de poutrelles vermoulues, bref un échafaudage musical bancal qui menace à tout moment de s'écrouler. Que l'on prenne le temps de se plonger, par exemple, dans la Symphonie en ut de Bizet, agé seulement de dix-sept ans et l'on pressent les frémissements de ce grand orchestrateur qui ne demandent qu' à s'épanouir. Même les très négligées symphonies de Weber recèlent des trésors d'imagination et de réelle créativité qui font cruellement défaut à Wagner! Conclusion : Peut-être qu'un chef , génial explorateur de cas musicaux litigieux, voire marginaux, parviendrait à faire surgir les beautés secrètes de cette «musique» et redonnerait un semblant de panache à cet océan d'harmonies pétrifiées.


Ce n'est sûrement pas à un excité de la baguette, passé maître dans l'art de brasser du vent avec une gestuelle d'acrobate prompt à rebondir sur trampoline «scarpittien» qu'il faille confier ce défi périlleux ! Sous couvert de diriger, le fondateur des «musiciens du Louvre» transforme cet erzatz de symphonie indefendable per se, en monstrueux et cacophonique concert de décibels.
Et de sortir la grosse artillerie lourde pour mitrailler. On est déja privé de ligne mélodique, de thèmes, aucun rai de lumière ne vient tranpercer la muraille d'ennui qui «engrisaille» le tapis instrumental et il faut en plus supporter le boucan «Minkowskien» : battue pachydermique, vents rugissants, cuivres canonnants au service d'une lecture brouillonne, fanfaronne et teutonisante à l'excès; auquel s’ajoutent des prises de tempo anarchiques-des ralentissements intempestifs suivis d'accélerations abruptes. Le son devient rêche, sec et agressif. Comme aurait dit l'autre, beaucoup de bruit pour rien.


La seconde oeuvre, Le Christ au Mont des Oliviers, paraîtrait presque une perle de la plus belle eau, n'étaient les infimes scories ou lègères maladresses d'écriture qui la grèvent ici et là. Inutile donc de comparer avec par exemple, la Fantaisie chorale, opus 80, La consécration de la maison ou encore Egmont qui ne se résume pas à sa seule ouverture. De surcroît, Il ne faut pas escompter ouïr une Création-bis. Mille excuses, Ludwig!
En guise d'oratorio, notre immense «leonoriste» a édifié une scène opératique sacrée, «mastoc», avec d'imposantes envolées chorales un brin académiques, grandiloquentes et des interventions solistes habitées d'une religiosité quelque peu factice. Là ou il aurait fallu ressentir les affres du Redempteur en proie au doute quant à sa mission de redîmer l'humanité, et la peur taraudante de se noyer dans la nuit de Gethsemani (ce que raconte avec infiniment de douceur mariale la Seconde prieure dans les Dialogues des Carmélites), à savoir un lyrisme introspectif, ascétique et douloureux, force est d'avouer que le Jésus de Beethoven n'est pas l'homme de Nazareth, un être seul, abandonné et conscient que son destin le conduit inéxorablement au Golgotha.


En l'occurrence, Jésus est un rebelle exalté, doté d'un timbre d'Heldenténor pré-wagnérien (étonnant Paul Groves). Le personnage du Séraphin se voit échoir, lui, une virtuose aria de concert élaborée ; ce qui contraint le doux soprano lyrique d'Aleksandra Zamojska de violenter son émission naturelle et son timbre laiteux pour cueillir les suraigus stratosphériques émaillant sa partie.
A propos de violence et de mauvais traitement infligé à orchestre déja passablement malmené, revoilà notre cogneur bûcheron ravi de dechaîner les furies sonores et de nouveau le spectacle de bonds, rebonds et contorsions multiples sur l'estrade ; c'est le poème de l'estrade!



Et l'esprit, l'ombre fugace d'un instant vagabonde. Et si l'on retenait Maestro Chung et sa fulgurante science de l'orchestre pour une seconde soirée complètement folle, avec The Mass of Life de Delius, suivie du Livres des sept Sceaux de Schmidt . La session prochaine ?





Étienne Müller

 

 

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