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Une acoustique sonore Munich Bamberg (Konzerthalle - Joseph-Keilberth-Saal) 01/31/2025 - et 1er février 2025 Alexander von Zemlinsky : Die Seejungfrau, opus 61
Arnold Schönberg : Pelleas und Melisande, opus 5 Bamberger Symphoniker, Jonathan Nott (direction)
J. Nott (© Guillaume Megevand)
Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le centre historique moyenâgeux de Bamberg figure parmi les mieux préservé d’Allemagne, en ayant échappé aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Cette ville moyenne d’environ 80 000 habitants peut également s’enorgueillir d’accueillir un des plus prestigieux orchestres du pays, fondé en 1946 et financé depuis plusieurs années par le land de Bavière. Si la formation assure régulièrement des concerts hors les murs, notamment à Baden‑Baden, comme en 2023, c’est bien entendu une émotion particulière que de l’entendre dans son lieu de résidence, construit en 1993 et rénové en 2009. Nommée en mémoire du fondateur de l’orchestre, Joseph Keilberth, la salle principale de 1 400 places (contre 700 pour la seconde) a pour elle de belles lignes élégantes, où le bois domine, tout en accueillant un orgue monumental en fond de scène.
On déchante pourtant rapidement, tant l’acoustique de la salle rend trop sonores les premiers tutti de La Petite Sirène (1905) de Zemlinsky, nous privant des détails attendus pour mettre en valeur les interventions des différents pupitres. L’autre motif de déception vient de la direction décousue de l’ancien Chefdirigent emblématique de la formation (entre 2000 et 2016), Jonathan Nott (né en 1962), qui surjoue les variations de tempo, en étirant à l’excès les passages lents (comme l’introduction lente, aux couleurs évanescentes et diaphanes) en contraste avec les parties enlevées, plus cravachées en comparaison. Comme attendu pour ce chef jadis directeur musical de l’Ensemble intercontemporain à Paris, toute effusion expressive est soigneusement évitée, tout en allégeant soigneusement les textures, le tout sans vibrato. L’ensemble sonne plus moderne, en valorisant davantage les richesses harmoniques que l’ivresse mélodique des passages empreints de merveilleux, proches du style de Humperdinck.
Le programme du concert, très bien conçu puisqu’il réunit deux ouvrages créés le même jour (le 25 janvier 1905), du professeur et de son élève, se poursuit après l’entracte avec Pelléas et Mélisande (1905) de Schönberg. Le chef britannique semble plus à son aise avec l’un de ses compositeurs de prédilection, même si cet ouvrage tonal fait entendre une première manière encore tournée vers le romantisme straussien opulent. Le futur inventeur du dodécaphonisme semble toutefois déjà à la recherche de sonorités originales, que ce soient dans les teintes grises du début jusqu’aux mélodies peu développées semblant tourner sur elles‑mêmes, en une polyphonie complexe. Les enchaînements semblent plus fluides dans cette battue toujours objective, d’une sûreté technique affûtée, malgré quelques décalages dans les attaques aux cuivres.
Florent Coudeyrat
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