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Programme éclectique Amsterdam
Concertgebouw
02/01/2025 - et 2 février 2025
Ramin Amin Tafreshi Confessions of the Mulberry Tree (création)
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon n° 1, opus 77/99
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7, opus 92
Daniel Lozakovich (violon)
Nederlands Philharmonisch, Gemma New (direction)
D. Lozakovich (© Martin-Raphaël Martiq)
L’Orchestre philharmonique des Pays-Bas, né en 1985 de la fusion de trois orchestres (Symphonique d’Utrecht, Philharmonique d’Amsterdam et Orchestre de chambre des Pays‑Bas), fête cette année ses quarante ans. C’est avec un programme très éclectique et une création mondiale en présence du compositeur qu’il s’est produit au Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de la Néo‑Zélandaise Gemma New avec l’étoile montante du violon suédois Daniel Lozakovich (né en 2001). Comme le mentionne le programme de salle de ce concert, les trois œuvres que deux siècles séparent s’inscrivent comme des critiques des régimes politiques des temps de leur composition.
Soliste de ce concert, le jeune violoniste suédois (né d’un père biélorusse et d’une mère kirghize), qui signait à 15 ans un contrat avec Deutsche Grammophon, avant de passer récemment chez Warner Classics, s’est fait connaître d’un plus large public en participant au concert de réouverture de Notre‑Dame de Paris. Sa carrière est bien lancée car il joue désormais avec les principaux orchestres mondiaux. C’est avec le long et exigeant Premier Concerto de Chostakovitch composé en plein régime stalinien et créé en 1955 par Evgeni Mravinski et David Oïstrakh qu’il a retrouvé le public de cet orchestre avec qui il avait fait en 2021 ses débuts aux Pays‑Bas avec le Premier Concerto de Max Bruch. Impressionnant par sa sonorité pure, cristalline (il joue un Stradivarius ex‑Sancy de 1713) et la sûreté de sa technique, il s’est montré aussi convaincant dans l’onirisme du Nocturne initial que dans l’élégiaque et énigmatique Passacaille centrale et les feux d’artifice de la Burlesque suivant la redoutable et longue cadence. Après une relativement longue annonce hélas réservée aux quelques premiers rangs de la salle, il a conclu avec une belle rêverie, encore hélas, annoncée sur le même ton confidentiel...
Ce n’était pas le cas pour l’introduction à la création mondiale qu’a présentée au public avec un microphone le compositeur iranien Ramin Amin Tafreshi (né en 1992). Confessions of the Mulberry Tree (2024) est une commande de l’Orchestre philharmonique des Pays‑Bas et du fonds Podiumkunsten à ce compositeur et pianiste iranien domicilié aux Pays‑Bas. Elle est inspirée par des poésies de Baktash Abtin (1974‑2022), poète et cinéaste iranien opposant au régime et emprisonné (An Elegy for Withered Flowers, publié en Suède en 2024), rédigées en prison avant une mort tragique. Tafreshi s’en est inspiré pour créer une œuvre consacrée à la liberté de créer en résonance avec le Premier Concerto de Chostakovitch (même nomenclature, inclusion en cryptogramme du mot liberté dans l’écriture musicale), l’allusion au mûrier venant d’un arbre de la cour de la prison de Téhéran symbolisant le silence face à l’opposition. Durant juste sept minutes, l’œuvre est un ostinato qui implique une participation massive de tous les instruments, dominés par le célesta qui donne une urgence très singulière à cette pièce sombre.
Evident tout au long du concert, le tempérament précis et explosif de Gemma New s’est confirmé avec une Septième Symphonie de Beethoven, compositeur toujours en opposition aux principaux pouvoirs pour affirmer son indépendance artistique, emportée à vive allure avec des contrastes rythmiques très marqués par un orchestre dont on a pu encore admirer l’unité et, dans ces pages particulièrement, l’excellence de ses pupitres de bois et cuivres.
Olivier Brunel
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