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De la candeur à l’extase

Geneva
Victoria Hall
01/31/2025 -  et 2 février 2025 (Strasbourg)
Jules Massenet : Werther
Pene Pati (Werther), Adèle Charvet (Charlotte), Florian Sempey (Albert), Magali Simard‑Galdès (Sophie), Pierre‑Yves Pruvot (Le Bailli), Hugo Fabrion (Brühlmann), Elise Lefebvre (Kätchen), Sebastia Peris (Johann), Alix Varenne (Schmidt)
Maîtrise du Conservatoire populaire, Fruzsina Szuromi, Magali Dami (préparation), Orchestre de Chambre de Genève, étudiants de la Haute Ecole de Musique de Genève – Neuchâtel, Marc Leroy-Calatayud (direction)
Loïc Richard (mise en espace)


(© Christian Lutz)


La version concertante de Werther présentée dans le cadre de la saison de l’Orchestre de Chambre de Genève a été une réussite sur toute la ligne. Elle avait la particularité d’afficher des prises de rôle pour les trois personnages principaux. Des débuts convaincants dans les trois cas, si bien que la soirée a pu tenir toutes ses promesses, grâce aussi au talent du chef d’orchestre.


Il faut dire que les attentes étaient particulièrement grandes pour le premier Werther de Pene Pati, le ténor que tout le monde s’arrache aujourd’hui. On mentionnera tout d’abord la qualité de sa déclamation, d’autant plus remarquable que le français n’est pas sa langue maternelle. Dès les premiers accords, le chanteur incarne un Werther plein de candeur et de fraîcheur, avec sa voix radieuse et solaire ainsi que ses aigus resplendissants, maîtrisant parfaitement les demi‑teintes et lançant des notes très longuement tenues, enchantant le public avec ses murmures et ses pianissimi évanescents. Son « Pourquoi me réveiller », tout en sobriété et en intériorité, est simplement bouleversant.


La Charlotte d’Adèle Charvet est à l’avenant : la chanteuse dessine, elle aussi, un personnage très intériorisé, avec sa voix opulente et charnue – on dirait du velours – ainsi que son timbre puissant et capiteux. Son « air des lettres » est remarquable par l’attention portée à chaque note et à chaque mot. L’« air des larmes » qui suit, avec de magnifiques interventions du saxophone, atteint des sommets d’émotion, au point que le public retient son souffle.


Si l’Albert de Florian Sempey séduit vocalement par sa grande musicalité, son phrasé élégant et son timbre d’airain, le personnage semble un peu emprunté, toujours droit dans ses bottes, d’un seul bloc, et ne montrant pas vraiment sa souffrance lorsqu’il comprend que Charlotte est amoureuse de Werther. On signalera aussi la Sophie espiègle et enjouée de Magali Simard‑Galdès, aux aigus clairs et lumineux. Les rôles secondaires sont tous très bien tenus par des étudiants de la Haute Ecole de Musique (HEM). A la tête de l’Orchestre de Chambre de Genève renforcé par des étudiants de la HEM, le chef Marc Leroy‑Calatayud est pour beaucoup dans le succès de la soirée. Né à Lausanne d’un père français et d’une mère bolivienne, son nom est à retenir, synonyme très certainement de belle carrière. Il se montre particulièrement attentif aux chanteurs, placés devant lui, dans son dos, se tournant vers eux à chacune de leur intervention. Sa lecture de Werther est élégante et raffinée, les tempi sont plutôt lents, mais ce qui frappe surtout ce sont les contrastes et la dynamique, avec un sens aiguisé du théâtre ; de superbes pianissimi succèdent à de magnifiques passages fortissimo, avec de remarquables pages symphoniques. Loïc Richard a habilement agencé les entrées et les sorties des chanteurs et des choristes. Le public a fait une ovation debout à cette version concertante de Werther.



Claudio Poloni

 

 

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