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Fausse bonne idée München Herkulessaal 01/30/2025 - et 31 janvier (München), 2 février (Nürnberg) 2025 Johannes Brahms: Danses hongroises, WoO 1 : 11. Poco andante (orchestration Fischer) – Concerto pour piano n° 1, opus 15
Antonín Dvorák: Légendes, opus 59, B. 122 : 10. Andante – Symphonie n° 8, opus 88, B. 163 Kirill Gerstein (piano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Iván Fischer (direction) I. Fischer, K. Gerstein, A. Barakhovsky (© Astrid Ackermann)
Une des caractéristiques d’Iván Fischer est de repositionner les musiciens des orchestres qu’il dirige. Les violoncelles sont placés au milieu, les pupitres des violons sont de chaque côté et surtout, les contrebasses sont alignées sur la longueur de la salle dans le fond. Ces options sont connues de l’Orchestre du Festival Budapest dont il est le directeur musical, et il adopte la même approche lorsqu’il est chef invité.
Cela permet à ses musiciens hongrois de produire un son transparent et équilibré. Mais il y a trois ans, dans cette même salle et dans un programme Beethoven, nous nous étions demandé si cela convenait bien à l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, et cette soirée nous fait nous poser la même question.
Il se dégage une belle atmosphère dans la dernière des Légendesde Dvorák, mais les musiciens cherchent un peu à s’équilibrer et les premiers violons couvrent souvent les autres pupitres. Ce sentiment se retrouve dans le Premier Concerto pour piano de Brahms. Dans le Maestoso initial, plusieurs pupitres, aux violoncelles ou aux clarinettes, ressortent de façon inattendue dans des passages où ils contribuent plus au tissu harmonique qu’à la ligne mélodique. On apprécie comment Kirill Gerstein trouve des détails, en particulier à la main gauche, pour rendre justice aux lignes de Brahms et la richesse de son écriture pianistique. Mais dans ce mouvement et dans l’Adagio qui suit, les tempi sont trop retenus. Il se dégage une certaine lourdeur dans les tutti et surtout, l’œuvre apparaît comme morcelée. Le Rondo final est plus heureux. La mise en place est réalisée avec soin. Le passage fugato aux cordes a une certaine clarté mais à plusieurs moments, on n’entend pas assez les bois. En dépit des applaudissements nourris, Gerstein ne donne pas de bis et referme le couvercle du piano avec un certain humour – et que peut‑on jouer après une telle œuvre ?
La Onzième Danse hongroise est souvent jouée dans une orchestration d’Albert Parlow, mais c’est celle d’Iván Fischer qui est donnée ici. Le choix de faire ressortir des rythmes à la harpe et aux timbales surprend un peu et, comme pour le concerto, les tempi pourraient être un peu plus vifs. Ceux de la Huitième Symphonie de Dvorák sont enfin plus justes. Il y a plus d’animation et de vie. Mais trop souvent, c’est la puissance de l’orchestre qui ressort. Les tutti montrent que l’orchestre est flamboyant, mais il pourrait y avoir une plus grande variété de nuances. Avec un tel ensemble, c’est une certaine facilité pour ces excellents musiciens que de se « réfugier » dans des forte assez confortables, mais la musique de Dvorák est beaucoup plus subtile.
Il y a quatre ans, Igor Levit et Manfred Honeck avaient donné ces mêmes œuvres avec ce même ensemble avec plus de bonheur et plus de dynamisme, mais dans une autre salle et avec une disposition classique des musiciens.
Antoine Lévy-Leboyer
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