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Un concert qui laisse sur sa faim Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 01/17/2025 - Benoît Mernier : Deux mouvements symphoniques
Johannes Brahms : Symphonie n° 3, opus 90 Orchestre philharmonique royal de Liège, Gergely Madaras (direction)
G. Madaras (© László Emme)
Du 16 au 19 janvier s’est tenu le festival que Bozar et l’Orchestre national de Belgique organisent, depuis quelques saisons, au début de l’année. Cette édition, consacrée à Brahms, comportait quatre concerts, un de musique de chambre, avec des musiciens des Quatuors Simply et Leonkoro, qui se sont réunis pour le Premier Sextuor à cordes et La Nuit transfigurée de Schönberg, deux par la formation nationale, comprenant notamment les deux Concertos pour piano avec Alexandre Kantorow en soliste, et un par l’Orchestre philharmonique royal de Liège.
Seules deux symphonies du compositeur figuraient à l’affiche, la Deuxième, le dimanche, et la Troisième (1883), le samedi, cette dernière par la formation liégeoise, dirigée par son directeur musical, pour encore quelques mois, Gergely Madaras. L’exécution laisse une impression mitigée. Nous attendions de la part de cet orchestre et de son chef une interprétation plus approfondie et raffinée. Les musiciens trouvent le ton juste, introspectif, dans le troisième mouvement et impriment une dynamique conforme aux attentes dans le dernier mais la respiration du jeu d’ensemble, ainsi que l’intégration des différents pupitres, manquent de naturel et de plénitude pour captiver et séduire. Le flux s’écoule, non sans accroc, chez les bois, en particulier, ni trop rapidement ni trop lentement, mais de façon compacte, à moins que cette impression ne soit imputable à notre emplacement dans la salle, dans les premières rangées. L’émotion peine par conséquent à émerger. Le chef parvient néanmoins à mettre en exergue les motifs et à canaliser l’énergie des musiciens, malgré un équilibre pas toujours optimal.
Auparavant, l’orchestre a exécuté Deux mouvements symphoniques de Benoît Mernier, une œuvre qui totalise une vingtaine de minutes. Les musiciens et son directeur musical ont créé le premier mouvement, intitulé Comme d’autres esprits, en 2019. Le compositeur puisse son inspiration pour cette pièce pour grand orchestre dans un poème de Baudelaire, La Chevelure le même que celui que Dutilleux a retenu pour le troisième mouvement de Tout un monde lointain..., joué aussi lors de cette création. Cette œuvre, qui débute par un solo de harpe, semble baigner dans la douceur et la nostalgie. Elle se distingue par une écriture raffinée, ce qui aboutit à une texture légère, cristalline, flottante. Créé la veille, le second mouvement, Sur un ciel immense, à la mémoire de Philippe Boesmans, adopte un ton plus vif, l’orchestration demeurant transparente, à l’instar de celle du compositeur décédé il y aura bientôt trois ans. Nous ne percevons pas, dans ce diptyque d’approche aisée, une inspiration aussi puissante et originale que celle du dédicataire, mais Benoît Mernier possède un solide métier et de la sensibilité pour créer un univers sonore relativement personnel. La création de son troisième opéra, Bartleby, d’après la nouvelle de Melville, à l’Opéra royal de Wallonie, en principe en 2026, devrait renforcer la place importante du compositeur belge dans la vie musicale du royaume.
La veille, l’orchestre avait exécuté, à Liège, en plus de ces deux œuvres, les Chants d’un compagnon errant de Mahler. N’était-il pas possible d’interpréter à la place une des deux ouvertures de Brahms, ou les Variations sur un thème de Haydn ?
Le site de l’Orchestre philharmonique royal de Liège
Sébastien Foucart
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