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Coloration germanique Paris Théâtre des Champs-Elysées 01/16/2025 - Richard Strauss : Métamorphoses
Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur, WAB 106 Orchestre de chambre de Paris, Thomas Hengelbrock (direction)
(© Orchestre de chambre de Paris)
Créé en 1978 sous l’appellation Ensemble orchestral de Paris, l’Orchestre de chambre de Paris a vu l’arrivée en septembre dernier d’un nouveau directeur musical, Thomas Hengelbrock (né en 1958). Ce recrutement marque une étape importante dans la relation privilégiée qu’entretient ce chef d’orchestre allemand avec la scène musicale française. Hengelbrock, qui a été chef associé de l’Orchestre de Paris, réside également à Fontainebleau avec son ensemble spécialisé dans les instruments d’époque, le Balthasar Neumann, comme en témoigne un récent concert donné au Château.
Pour inaugurer sa saison, Hengelbrock a opté pour un programme surprenant, en mettant en lumière deux compositeurs allemands reconnus pour l’ampleur monumentale de leurs œuvres. Ce choix tranche avec le répertoire traditionnellement associé à l’Orchestre de chambre de Paris. La Sixième Symphonie (1881) de Bruckner, bien que conçue à une période où les ensembles orchestraux étaient souvent imposants, repose ici sur des effectifs réduits, dévoilant un caractère romantique et intimiste qui semble particulièrement séduire Hengelbrock.
La première partie du concert était consacrée aux Métamorphoses (1945) de Richard Strauss, une composition pour cordes exprimant la douleur du compositeur face aux ravages de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne. L’habituelle richesse sonore de Strauss laisse place à une atmosphère grave et introspective, évoquant des paysages en ruine. La pièce, construite autour de motifs entrelacés, se distingue par sa polyphonie complexe et dense. Les variations circulent d’un pupitre à l’autre, offrant une musique en perpétuelle évolution, dominée par des teintes sombres, avant de s’achever dans un unisson apaisant. En dirigeant ses musiciens debout, Hengelbrock adopte une approche minimaliste, évitant tout excès pathétique ou démonstration technique. Progressivement, cette sobriété s’impose comme une force.
En seconde partie, le chef a continué de surprendre en dirigeant par cœur. Sa lecture, marquée par l’absence de vibrato et des tempi assez vifs, a donné à l’interprétation une légèreté certaine, bien que les passages calmes aient parfois souffert d’un manque de richesse et de contraste. Cette vision stylistique s’est révélée particulièrement déroutante dans l’Adagio, qui a semblé fragmenté, et dans les sections plus lyriques, où la brillance faisait défaut. Néanmoins, la précision avec laquelle les crescendos et les transitions entre les différentes parties ont été abordés s’est avérée remarquable, notamment dans les deux derniers mouvements, joués sans interruption et portés par une intensité croissante.
Parmi les différentes sections de l’orchestre, les cuivres, et plus particulièrement les cors, ont brillé par leur excellence, tandis que les clarinettes ont charmé par leur sonorité délicate et aérienne. Cependant, c’est du côté des cordes, notamment dans les mouvements lents, que l’ensemble devra progresser afin de gagner en expressivité et en profondeur.
Florent Coudeyrat
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