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Une étoile lyrique venue d’Arménie

Geneva
Victoria Hall
01/08/2025 -  et 9* janvier 2025 (Lausanne)
Gioacchino Rossini : Guillaume Tell : Ouverture – Otello : « Che ascolto!... Ah! come mai non senti pietà »
Antonín Dvorák : Rusalka, opus 114 : « Ode à la lune »
Giacomo Puccini : Gianni Schicchi : « O mio babbino caro » – Madama Butterfly : Intermezzo de l’acte III & «  Un bel dì vedremo »
Gaetano Donizetti : La Fille du régiment : «Ah mes amis... Pour mon âme » – Don Pasquale : « Tornami a dir che m’ami »
Vincenzo Bellini : Norma : « Casta diva »
Georges Bizet : Les Pêcheurs de perles : « A cette voix... Je crois entendre encore » – Carmen : « L’amour est un oiseau rebelle »
Giuseppe Verdi : La Traviata : Prélude de l’acte I, « Parigi o cara » & « Libiamo, ne lieti calici »

Juliana Grigoryan (soprano), Dmitry Korchak (ténor)
Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction)


(© Magali Dougados)


Le concert de l’An de l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) ouvre traditionnellement l’année musicale entre Genève et Lausanne. L’édition 2025 a bien failli ne pas avoir lieu : la veille, la soprano Sonya Yoncheva déclare forfait. On imagine le branle‑bas de combat au sein de l’administration de la formation pour lui trouver une remplaçante au débotté. La perle rare est finalement dénichée à Erevan et arrive le matin même du concert. Miracle, elle est en mesure de reprendre pratiquement tel quel le programme initialement prévu. Et finalement, elle fera bien plus que sauver la soirée, éblouissant le public, une révélation. Son nom : Juliana Grigoryan. Un nom à suivre, assurément.


Juliana Grigoryan n’est pas totalement inconnue puisqu’elle a gagné le premier prix ainsi que le prix du public du Concours Operalia en 2022 ; l’année dernière, elle a remporté le Prix Hildegard Behrens à l’occasion du quatre-vingt-septième anniversaire de la célèbre artiste allemande. Les prochains engagements de la jeune chanteuse arménienne l’amèneront au Metropolitan Opera, au Liceu de Barcelone, au Staatsoper de Munich ou encore à Covent Garden : une belle carrière s’ouvre donc devant elle. Il faut dire qu’elle compte parmi les talents les plus prometteurs de sa génération. Dans son premier air du concert de l’OSR, la célèbre « Ode à la lune » tirée de Rusalka, elle a d’entrée de jeu fait valoir son timbre rayonnant et pulpeux, sa voix homogène et bien conduite sur toute la tessiture, sa projection impeccable ainsi que ses aigus lumineux, mettant immédiatement le public dans sa poche. Dans « O mio babbino caro », son timbre particulièrement langoureux ainsi que sa voix opulente et éclatante de santé n’ont fait que renforcer cette impression. Juliana Grigoryan s’est ensuite lancée dans le périlleux « Casta diva », démontrant une longueur de souffle impressionnante ainsi que des vocalises parfaitement ciselées. Dans « Un bel dì vedremo », elle a offert de splendides épanchements lyriques et déployé son art des nuances et des demi‑teintes. En revanche, la « Habanera » a laissé des impressions bien plus mitigées, en raison d’une diction française plutôt approximative, malgré un sens théâtral aiguisé et des graves capiteux. Globalement, une splendide prestation, ovationnée par un public visiblement conquis par cette nouvelle étoile lyrique.


Bien qu’annoncé souffrant, le ténor Dmitry Korchak a, lui aussi, fait très forte impression. Il n’a pas hésité à aborder d’emblée deux airs parmi les plus difficiles du répertoire, le premier tiré d’Otello de Rossini (« Che ascolto!... Ah! come mai non senti pietà »), et le second de La Fille du Régiment de Donizetti (le très connu « Ah mes amis... Pour mon âme » avec ses neuf contre‑ut), se lançant avec vaillance dans des vocalises époustouflantes et lâchant des notes stratosphériques avec une facilité déconcertante, sans oublier un phrasé raffiné et un sens consommé des nuances, comme dans l’air de Nadir des Pêcheurs de perles. Les duos extraits de La Traviata et de Don Pasquale ont laissé apercevoir une belle complicité entre les deux chanteurs, malgré un temps de répétition qu’on imagine avoir été très limité. L’OSR s’est montré à son meilleur lui aussi, sous la direction de son directeur musical, Jonathan Nott, avec notamment une Ouverture de Guillaume Tell enivrante, dès les premières notes du violoncelle, excellent au demeurant, suivi par les cordes confondantes de précision et de cohésion. La nouvelle année musicale romande ne pouvait mieux démarrer.



Claudio Poloni

 

 

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