Back
Commencer l’année en dansant Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 01/05/2025 - et 6 (Antwerpen), 10 (Virton) janvier 2025 Jean Sibelius : Karelia (Suite), opus 11 : 1. Intermezzo
Pauline Hall : Verlaine Suite : 4. « Foire »
Edvard Grieg : Peer Gynt, opus 23 : Prélude
Manuel de Falla : El sombrero de tres picos (Suite n° 1) : 4. « Las uvas »
Joaquín Rodrigo : Concerto d’Aranjuez
Arturo Márquez : Danzón n° 2
Astor Piazzolla : Libertango
Zequinha de Abreu : Tico‑Tico no Fubá
Johann Strauss II : An der schönen, blauen Donau, opus 314
Hans Christian Lumbye : Champagne Galop, opus 14
Josef Strauss : Ohne Sorgen!, opus 271
Johann Strauss I : Marche de Radetzky, opus 228 Pablo Sáinz Villegas (guitare)
Belgian National Orchestra, Emilia Hoving (direction)
E. Hoving (© Nikolaj Lund)
Nous ne manquons pas le concert du Nouvel An de l’Orchestre national de Belgique : c’est l’occasion d’entendre des œuvres peu voire pas jouées en temps normal et, parfois, de découvrir un chef, comme ce dimanche. La charismatique et tout juste trentenaire Emilia Hoving vient de Finlande, décidément une véritable pépinière de talents de la direction. Elle a bénéficié du savoir de Jorma Panula, comme tant d’autres avant elle, et a fait ses armes en assistant ses compatriotes Hannu Lintu et Mikko Franck, un ancien directeur musical de la formation belge.
Rien d’étonnant, dès lors, à ce que le programme, gardé longtemps secret, débute par une pièce de Sibelius, l’Intermezzo de Karelia (1893). La suite de la matinée demeure conforme au répertoire habituel du premier concert de l’an, avec l’une ou l’autre pièce un peu plus surprenante, ou, de mémoire, jamais donnée à cette occasion, comme un extrait de Suite Verlaine (1929) de Pauline Hall (1890‑1969), Libertango (1974) de Piazzolla ou encore Danzón n° 2 (1994) d’Arturo Márquez. La chef a même choisi un extrait plus inattendu de Peer Gynt (1875) de Grieg, le Prélude, à la place d’autres morceaux plus célèbres de cette musique de scène que l’orchestre ferait d’ailleurs bien de jouer, un jour, dans son entièreté.
Emilia Hoving possède assurément un solide métier et rend correctement le ton et les couleurs propres à chaque pièce, en se souciant de la clarté et de la dynamique. Il paraît toutefois difficile d’exprimer une personnalité affirmée ou originale dans cette succession de pages, la plupart joyeuses et entraînantes, surtout dans la seconde partie. Emilia Hoving accompagne d’ailleurs sa direction de mouvements chaloupés du corps, sans sacrifier le soin et la cohérence de l’interprétation. Les exécutions manquent parfois d’un peu de précision et de finesse, dans la mise en place, en particulier, mais l’impression demeure favorable. Le Beau Danube bleu (1866) sonne sans précipitation, ni alanguissement, avec ce qu’il faut de naturel et d’élégance. Le programme se termine avec d’autres tubes joués comme chaque année avec aisance et naturel par l’orchestre, les inusables et toujours aussi efficaces Champagne Galop (1845) de Lumbye ainsi que Ohne Sorgen! (1869) et Marche de Radetzky (1848). Le public, qui occupe quasiment tous les sièges de la Salle Henry Le Bœuf, accompagne évidemment cette célébrissime dernière pièce en frappant des mains, comme au Musikverein, sous la direction d’une Emilia Hoving enthousiaste.
D’Amérique du Sud, il en a été question, mais d’Espagne, plus encore, avec, outre un extrait du Tricorne (1919) de Falla, le Concerto d’Aranjuez (1940) de Rodrigo, avec Pablo Sáinz Villegas, « le plus grand ambassadeur mondial de la guitare espagnole », selon le programme. L’Adagio se développe avec tenue et probité, Emilia Hoving assurant un accompagnement de qualité et en phase avec les nobles intentions expressives du guitariste. La virtuosité de ce dernier ne manque pas d’impressionner, en particulier dans l’autre pièce qu’il interprète en seconde partie, Tico‑Tico no Fubá de Zequinha de Abreu (1880‑1935), mais aussi dans celle de Tárrega, en bis, durant laquelle ce musicien fin et profond produit un étonnant son de batterie.
Il faudrait idéalement retrouver Emilia Hoving dans des œuvres de plus grande envergure, comme une symphonie de Sibelius ou de Brahms, le compositeur à l’honneur lors du festival qui se tiendra au Bozar du 16 au 19 janvier.
Le site de Pablo Sáinz Villegas
Le site d’Emilia Hoving
Sébastien Foucart
|