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Un ténor d’exception München Nationaltheater 12/22/2024 - et 25, 28, 31* décembre 2024, 3, 6 janvier, 28 juin, 1er juillet 2025 Gaetano Donizetti: La Fille du régiment Pretty Yende*/Serena Sáenz (Marie), Dorothea Röschmann (La marquise de Berkenfield), Sunnyi Melles (La duchesse de Crakentorp), Xabier Anduaga*/Lawrence Brownlee (Tonio), Misha Kiria (Sulpice), Martin Snell (Hortensius), Christian Rieger (Un caporal), Dafydd Jones (Un paysan)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Christoph Heil (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Stefano Montanari (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Agostino Cavalca (costumes), Alessandro Carletti (lumières), Thomas Wilhelm (chorégraphie), Saskia Kruse, Mattia Palma (dramaturgie)
X. Anduaga, P. Yende (© Geoffroy Schied)
Il est très logique d’avoir confié cette Fille du régiment à Damiano Michieletto après sa lecture antimilitariste d’Aïda la saison précédente. Dans cet opéra, il n’est nul besoin de forcer le trait pour se moquer de ces soldats immatures et désuets, il suffit simplement d’écouter la musique et de lire les textes.
Sa lecture, souriante et légère, est assez réussie. Le choix de remplacer les récitatifs par des interventions déclamées par Sunnyi Melles (connue des cinéphiles pour son rôle dans The Triangle of Sadness) avec une certaine distanciation ne manque pas d’humour. Les décors, assez simples, servent le propos, en particulier dans le second acte, où les soldats se cachent derrière des arbres peints en trompe‑l’œil sans que personne ne soit dupe. Les costumes sont réalisés avec beaucoup de soin. Au pupitre, Stefano Montanari fait avancer la musique avec un certain dynamisme, plus approprié que ce qu’il avait fait il y a quelques semaines ici même dans Les Noces de Figaro.
De façon surprenante pour une maison d’opéra qui a un répertoire aussi étendu, c’est la première fois quatre‑vingt‑dix ans que l’œuvre est montée à Munich. Il est vrai qu’elle impose de réunir une distribution de premier plan. Pretty Yende, dans le rôle‑titre, fait preuve de beaucoup d’aisance sur scène. Son registre aigu a beaucoup de souplesse et de couleur. Elle démarre avec une Marseillaise yodlée plutôt réjouissante. Elle met cependant un moment à trouver ses marques, l’orchestre est parfois un peu fort et elle est placée trop en retrait dans le final du premier acte. Mais ce n’est pas le cas dans le second, qui permet d’apprécier son talent. Misha Kiria est un Sulpice sonore à souhait. Dorothea Röschmann déçoit un peu même si certaines notes aiguës ont une réelle ampleur.
Mais la découverte de cette production est le jeune Espagnol Xabier Anduaga, magnifique ténor di grazia. Il a une technique tout simplement impeccable sur toute la tessiture, un phrasé remarquable et une réelle maîtrise du style. Le timbre est éclatant et – faut‑il à ce stade le mentionner ? – les neuf do aigus sont éclatants. Il sera présent sur les scènes du Liceu, de Vienne et du Real. Ne le manquez surtout pas s’il se produit près de chez vous.
Antoine Lévy-Leboyer
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