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Pétard mouillé

Antwerp
Opera Vlaanderen
12/18/2024 -  et 20, 22, 27, 29*, 31 décembre 2024 (Antwerpen), 10, 12, 14, 16, 18 janvier 2025 (Gent)
Richard Strauss : Salome, opus 54
Astrid Kessler*/Allison Cook (Salome), Thomas Blondelle*/Florian Stern (Herodes), Angela Denoke (Herodias), Kostas Smoriginas*/Michael Kupfer-Radecky (Jochanaan), Denzil Delaere (Narraboth), Linsey Coppens (Ein Page der Herodias, Ein Sklave), Daniel Arnaldos (Erster Jude), Hugo Kampschreur (Zweiter Jude), Timothy Veryser (Dritter Jude), Hyunduk Kim (Vierter Jude), Marcel Brunner (Fünfter Jude, Zweiter Soldat), Reuben Mbonambi (Erster Nazarener, Ein Kappadozier), Leander Carlier (Zweiter Nazarener), Igor Bakan (Erster Soldat),
Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Aléjo Pérez (direction musicale)
Ersan Mondtag (mise en scène, décors, costumes), Sascha Zauner (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Un pétard mouillé et une arnaque. Le Forgeron de Gand, en 2020, nous a impressionné. Nous pensions tenir en Ersan Mondtag une personnalité à l’imagination débordante et maître de ses moyens. Le Lac d’argent, en 2021, nous a laissé sceptique. Cette nouvelle production de Salomé (1905) dévoile l’étroitesse d’esprit de ce metteur en scène.


Ersan Mondtag recourt aux mêmes ficelles, à la même esthétique, aux mêmes outrances, et prend des libertés avec un livret pourtant parfait. Narraboth ne se suicide pas, mais il se fait assassiner par un tireur, ou une tireuse, tout se déroulant si vite, surgissant promptement à l’encadrement d’une fenêtre. C’est qu’une révolte gronde chez Hérode et Hérodiade, qui habitent une massive forteresse décorée de statues d’esthétique soviétique. A la fin, le tétrarque se fait tuer à la mitraillette, sa femme se retrouve enfermée à son tour dans la geôle de Jochanaan, tandis que Salomé, toute nue, et bien vivante, brandit triomphalement la tête du malheureux prophète. Toute nue ? Calmez‑vous et attendez avant de réserver : la soprano, à la suite de la Danse des sept voiles, d’un ridicule achevé, et longue comme un jour sans pain, notamment à cause de l’incessante rotation du décor, porte une tenue simulant la chair et épousant le corps, bien que la couleur tire nettement vers le gris, à l’image des murs extérieurs du sinistre château dans lequel se déroule cette pénible action. Comble de l’ironie, la soprano viendra pudiquement saluer avec une robe de chambre. Même Hérodiade apparaît aussi dans le plus simple appareil, mais tout ceci ne constitue qu’un leurre, tandis que Hérode exhibe libidineusement son ventre obèse, en réalité un postiche mal découpé. D’érotisme, il n’en est donc pas question, et de tension non plus, tellement cette mauvaise parodie nous semble passer à côté de l’essentiel. Et dire que certaines personnes assisteront à ce spectacle, le 31 au soir, avant de réveillonner.


La direction d’Aléjo Pérez ne compense pas vraiment cette immense déconvenue. Il n’y a évidemment pas lieu de remettre en question les compétences du chef et de l’orchestre. Davantage de clarté et d’ivresse sonore aurait rendu cette production moins décevante. La distribution suscite tout de même quelque intérêt. Elle se hisse à la hauteur de cette œuvre exceptionnelle, sans révéler d’incarnation majeure. La voix d’Astrid Kessler ne séduit pas particulièrement, mais la soprano possède les ressources et le métier nécessaires pour affronter jusqu’au bout le rôle de Salomé. La chanteuse parait suffisamment perverse pour convaincre, à défaut de séduire. Thomas Blondelle, méconnaissable, physiquement du moins, apporte ce qu’il faut de caractère et de mordant au personnage d’Hérode, sans fortement marquer les esprits en termes de sournoiserie et de décadence. Angela Denoke accomplit une solide performance en Hérodiade, la voix ne manquant pas d’impressionner par sa puissance et par sa densité. Kostas Smoriginas trouve le ton juste en Jochanaan. Le baryton imprime à son chant au phrasé bien travaillé des accents nobles et profonds, conformes aux attentes. Nous apprécions aussi le Narraboth à la voix claire et à l’attitude digne de Denzil Delaere. Les autres plus petits rôles sont assez correctement distribués, malgré un quintette des Juifs trop inégal. Oublions cette Salomé et attendons Norma en version de concert, à la fin du mois de janvier.



Sébastien Foucart

 

 

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