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Brûlante Jeanne d’Arc

Paris
Philharmonie
12/13/2024 -  et 12 (Frankfurt), 16 (Wien), 18 (Hamburg) décembre 2024
Arthur Honegger : Jeanne d’Arc au bûcher, H. 99
Marion Cotillard (Jeanne d’Arc), Eric Génovèse (Frère Dominique), Benjamin Gazzeri, Jean‑Baptiste Le Vaillant (narrateurs), Ilse Eerens (La Vierge), Isabelle Druet (Marguerite), Svetlana Lifar (Catherine), Julian Dran (ténor), Nicolas Courjal (basse), Gloria Schneebacher (soprano), Monika Eigner (La mère aux tonneaux), Wolfgang Adler (ténor), Niccolo Morello (Pecus)
Wiener Singverein, Johannes Prinz (chef de chœur), Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris, Richard Wilberforce (chef de chœur), hr‑Sinfonieorchester Alain Altinoglu (direction)


A. Altinoglu (© Marco Borggreve)


Il y a bientôt dix ans, lors de la saison d’ouverture de la Philharmonie de Paris, l’Orchestre de Paris, son chœur et Kazuki Yamada avaient déjà donné la Jeanne d’Arc d’Honegger dans la belle réalisation scénique de Come de Bellescize. Cette fois c’est à l’occasion de la venue lors d’une tournée européenne (Paris, Hambourg, Vienne) d’un orchestre allemand avec un chœur d’adultes autrichien que l’on peut à nouveau entendre ce chef‑d’œuvre à Paris. Au pupitre le grand chef français Alain Altinoglu, directeur apprécié de l’Orchestre symphonique de la Radio de Hesse (Francfort) et de la Monnaie de Bruxelles.


C’est d’ailleurs ce dernier qui est sans aucun doute le grand ordonnateur de cette espèce de messe païenne qu’il dirige avec la précision, l’enthousiasme et le feu nécessaires. Il parvient à coordonner l’immense orchestre (comprenant notamment des ondes Martenot, deux pianos et trois saxophones), les chœurs d’adultes et d’enfants, les solistes et bien entendu les rôles parlés, veillant sur chacune de leurs interventions.


Marion Cotillard subjugue tant elle est Jeanne d’Arc. Avec le temps, la maîtrise du rôle est devenue encore plus absolue et l’incarnation est saisissante. A plus d’un moment, elle nous tire les larmes. Eric Génovèse, lui aussi habitué du rôle de Frère Dominique, trouve sa juste place aux côtés de cette Jeanne dont il cherche à percer le secret tout en l’admirant. Magnifique connivence artistique et humaine. Les deux autres rôles parlés tenus par Benjamin Gazzeri et Jean‑Baptiste Le Vaillant sont eux aussi très convaincants. Parmi les rôles chantés, on a préféré le ténor lumineux et bien projetant de Julien Dran à la basse de Nicolas Courjal. Les voix de femmes, Ilse Eerens (La Vierge), Isabelle Druet (Marguerite) et Svletana Lifar, ont toutes trois une belle présence vocale et interprétative. L’Orchestre symphonique de la Radio de Hesse révèle de belles qualités de précision, de justesse et de cohésion, comme beaucoup d’ensembles allemands de ce niveau.


Le Wiener Singverein, cet ensemble choral autrichien prestigieux dirigé depuis plus de trente ans par Johannes Prinz, est fidèle à sa réputation d’excellence. L’installation judicieuse des choristes sur le plateau au plus près de l’orchestre permet de profiter pleinement de leur français parfaitement intelligible et de leur précision, et l’on perçoit avec plus d’acuité leur engagement individuel et leur sens du collectif au service de l’expression musicale. Cela est tout à fait admirable pour une partition aussi complexe et au français si raffiné. Et l’intervention de Monika Eigner en Mère aux tonneaux possède toute la gouaille et l’accent paysan requis. Admirable. Quant au Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris, il apporte la légèreté requise.


Une immense soirée de musique, de théâtre et de vie servis par des interprètes hors du commun et qui brûlent d’intensité. On en redemande tout en s’étonnant qu’à quelques rares exceptions près aucune autre musique d’Arthur Honegger n’ait résonné dans la salle Pierre Boulez. Espérons que 2025, qui coïncide avec les soixante‑dix ans de la disparition du compositeur suisse, permettre d’entendre d’autres œuvres, on pense bien sûr à son autre chef‑d’œuvre choral Le Roi David, mais aussi symphoniques car beaucoup attendent toujours leur première fois à la Philharmonie de Paris.



Gilles Lesur

 

 

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