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Retour gagnant Paris Philharmonie 12/06/2024 - Joseph Haydn : Concerto pour piano n° 11 en ré majeur, Hob. XVIII:11
Igor Stravinsky : Capriccio pour piano et orchestre
Serge Rachmaninov : Symphonie n° 2 en mi mineur, opus 27 Jean-Frédéric Neuburger (piano)
Philharmonique de Radio France, Tugan Sokhiev (direction)
T. Sokhiev (© Marco Borggreve)
Cela faisait près de vingt ans que Tugan Sokhiev n’avait pas dirigé l’Orchestre philharmonique de Radio France. Ces retrouvailles furent un grand moment de musique dans ce programme intelligent et riche.
En début de concert, place au célèbre Concerto pour piano en ré majeur de Haydn avec le pianiste français Jean‑Frédéric Neuburger. Version traditionnelle dans des tempi raisonnables, sans excès d’articulation : quel plaisir que d’entendre dans ces conditions cette musique si bien écrite ! Tugan Sokhiev est égal à lui‑même, précis, enthousiaste et exigeant. Il livre une vision habitée en interaction avec ses musiciens. Et Jean‑Frédéric Neuburger est sur la même longueur d’onde. Le troisième mouvement est le plus étonnant avec ses accords répétés aux cordes très inattendus pour l’époque.
Juste le temps pour quelques cuivres, vents et percussions d’entrer sur scène et suit alors le rare Capriccio de Stravinsky, une œuvre créée en 1929. Ces trois mouvements sonnent avec une précision rythmique consubstantielle à cette musique. Et le Philharmonique de Radio France précis et engagé sous la direction à mains nues d’un Tugan Sokhiev qui nous confiait avoir précédemment dirigé la version chorégraphiée par Georges Balanchine. En bis, Jean‑Frédéric Neuburger se régale et nous régale avec le Tango de Stravinsky.
Place ensuite au plat de résistance de ce concert : la Deuxième Symphonie de Rachmaninov, sans doute la plus réussie des trois Symphonies du compositeur russe, créée en 1908 à Saint‑Pétersbourg sous sa direction. Les quatre mouvements sont tous aussi passionnants sans baisse d’intensité, alternant climats, apaisements et ruptures. Tugan Sokhiev est le maître de ces moments successifs, sollicitant les musiciens à chaque seconde avec succès. Les cordes rivalisent d’engagement, les cuivres sont flamboyants, la percussion précise et les vents chantent à merveille. Tous les musiciens sont expressifs, notamment le cor anglais de Stéphane Suchanek et la clarinette de Nicolas Baldeyrou, qui jouait cette œuvre pour la première fois. L’accueil très chaleureux du public comme des musiciens envers leur chef d’un soir témoignent clairement d’un moment hors du commun.
De forts belles retrouvailles donc, qui auront une suite car il se dit que le grand chef russe est à nouveau programmé lors de la saison 2025‑2026 du Philharmonique de Radio France. Qui s’en plaindrait après un tel moment de musique ?
Gilles Lesur
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