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Retour attendu Paris Maison de la radio et de la musique 11/24/2024 - Olivier Messiaen : Les Offrandes oubliées
Anton Bruckner : Symphonie n° 7 Orchestre national de France, Philippe Jordan (direction)
P. Jordan (© Christophe Abramowitz)
Non seulement ce retour de Philippe Jordan à Paris était très attendu mais il a donné lieu à une annonce surprise. Avant que ne commence la répétition du concert du soir, consacré à la monumentale Septième Symphonie de Bruckner dans le cadre d’un cycle dédié cette saison au compositeur autrichien, les musiciens de l’Orchestre national de France (ONF) ont été informés que c’est Philippe Jordan qui sera leur futur directeur musical, prenant dès la rentrée 2027 la succession du chef roumain Cristian Măcelaru, en fonctions depuis 2020.
Evénement de taille quand on pense à la popularité acquise par le chef suisse auprès du public parisien et des musiciens après douze ans (2009 à 2021) passés à la tête de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris. Et la surprise est d’autant plus grande que Philippe Jordan n’avait dirigé l’ONF qu’à deux reprises mais au dire de ses musiciens, il avait fortement impressionné l’orchestre à l’occasion d’un concert de 2022 resté dans les mémoires par sa direction d’un arrangement signé par lui de la Suite du Chevalier à la rose de Strauss.
A 50 ans, après avoir dédié la première partie de sa carrière à l’opéra avec, après Paris, le prestigieux poste de directeur musical à l’Opéra d’Etat de Vienne, le fils du chef Amin Jordan désire, sans toutefois tourner complétement la page lyrique, se recentrer sur le répertoire symphonique Et il se déclare ravi de revenir à Paris, où il a été heureux d’habiter et a toujours reçu un accueil très chaleureux du public.
Chaleureux fut aussi l’accueil de ce concert annonciateur malgré la neige qui tombait sur la maison ronde ce soir‑là. Philippe Jordan avait choisi de faire préluder la cathédrale sonore qu’est la Septième Symphonie de Bruckner par les courtes Offrandes oubliées, première œuvre symphonique en trois parties de Messiaen composée en 1930. Il l’a dirigée avec une énergie presque électrisante dans son premier mouvement (« La Croix »), avec un tempo rapide malgré l’indication « Très lent ». De même pour le « Le Péché » (« Vif ») qui suit et a retrouvé une baguette plus tendre pour « L’Eucharistie » (« Extrêmement lent »). Clarté et précision caractérisaient cette direction comme pour ce qui allait suivre et que Philippe Jordan allait diriger sans partition.
Pris à un tempo plutôt lent, l’Allegro moderato bénéficiait d’une clarté des plans sonores sans les langueurs souvent habituelles, jusqu’à l’apothéose finale, prise plus rapidement. Même clarté des plans sonores avec des détails instrumentaux exquis (la flûte, les cors) pour les deux mouvements suivants. Mais c’est dans surtout le long et complexe Finale que l’Orchestre national a fait, sous la direction toujours précise et incisive du chef, une étonnante démonstration d’équilibre entre les passages contemplatifs et ceux plus dramatiques.
Acclamée à hauteur de sa qualité par un public enchanté de l’annonce comme du concert, cette soirée permet, à condition de prendre patience, d’augurer de beaucoup d’autres avec un répertoire symphonique qui sera sans aucun doute le plus élargi possible.
Olivier Brunel
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