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Un après-midi au musée

Liège
Opéra royal de Wallonie
11/14/2024 -  et 15, 16, 17* novembre 2024
Giselle
Carla Fracci (chorégraphie), Gillian Whittingham (reprise de la chorégraphie), Adolphe Adam (musique)
Corpo di Ballo del Teatro dell’ Opera di Roma
Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Alessandro Cadario (direction musicale)
Anna Anni (décors, costumes), Jean-Michel Désiré (lumières)


(© Jonathan Berger/Opéra royal de Wallonie)


L’Opéra royal de Wallonie se mettrait-il au ballet, depuis la prise de fonctions de Stefano Pace ? Après Roméo et Juliette de Prokofiev la saison passée, dans la chorégraphie de John Cranko (1927‑1973), voici un autre classique, Giselle (1841).


Carla Fracci (1936-2021), qui fut une interprète importante du rôle‑titre, s’inscrit avec sa chorégraphie, reprise par Gillian Whittingham, dans le sillage de Jean Coralli, Jules Perrot, Marius Petipa et Anton Dolin. Autrement dit, sa mise en scène créée il y a vingt ans respecte une tradition qui remonte à l’origine de ce ballet romantique. Quant à la scénographie, elle relève d’une esthétique d’un autre âge. Maria Callas aurait chanté dans les costumes d’Anna Anni (1926‑2011). Cette figure importante du théâtre italien, qui a collaboré avec Franco Zeffirelli, a conçu un assez beau – dans son genre – décor en carton et en relief, un pour chaque acte, le premier représentant une lumineuse scène villageoise, le second une sombre forêt, celle dans laquelle les willis, ces esprits de femmes mortes de chagrin avant leur mariage tourmentent les hommes jusqu’à provoquer l’épuisement de ces indélicats.


Il s’agit donc d’une pièce de musée, d’un témoignage de l’histoire de la danse, d’un reflet d’une époque, ce qui, à ce titre, représente un intérêt documentaire certain. Mais nous aurions préféré découvrir une approche neuve et inattendue de cette œuvre, mais aussi de ce genre de spectacle, lequel nous a paru, ce dimanche, malgré sa beauté formelle, figé dans le passé.


Comme l’Opéra royal de Wallonie ne possède pas de corps de ballet, les danseurs appartiennent à celui du Théâtre de l’Opéra de Rome. Ils livrent une prestation pleine de grâce et d’intensité, la maîtrise technique n’excluant ni le naturel, ni l’expressivité. Les ensembles se distinguent par leur fluidité et leur beauté graphique. Pour les rôles de Giselle, d’Albrecht, d’Hilarion, de Myrtha et de Wilfried, les interprètes affichent beaucoup de présence, de profondeur et de vitalité, de légèreté, aussi, pour les willis, la chorégraphie parvenant à clairement préciser les contours des personnages. Il s’agit bel et bien d’interprétation, d’incarnation, couplée à un intense exploit physique, fruit d’un travail long, acharné, quasiment surhumain.


Pour ceux qui n’adhèrent pas, ou difficilement, à cette mise en scène surannée, ni à cette chorégraphie traditionnelle, il reste la musique de belle et solide facture d’Adolphe Adam : direction compétente, mais routinière, d’Alessandro Cadario, à la tête d’un orchestre apportant ce qu’il faut de contrastes et d’expressivité à cet ouvrage que l’Opéra royal de Wallonie monte ainsi pour la première fois.



Sébastien Foucart

 

 

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