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Schumann concertant

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Musikverein
11/14/2024 -  et 17 (Luxemburg), 19 (Amsterdam) novembre 2024
Kaija Saariaho : Ciel d’hiver
Robert Schumann : Concerto pour violon, WoO 1 – Symphonie n° 2, opus 61

Frank Peter Zimmermann (violon)
Sächsische Staatskapelle Dresden, Daniele Gatti (direction)


F. P. Zimmermann (© Irène Zandel/Hänssler Classic)


La troisième tournée de la saison marquant le début du mandat de Daniele Gatti emmène l’orchestre de la Staatskapelle de Dresde dans un programme Schumann, alternant entre les Deuxième et Troisième Symphonies.


L’œuvre de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, décédée l’an dernier à Paris, où elle résidait depuis les années 1980, offre une immersion progressive dans l’univers acoustique si caractéristique de la phalange allemande : une petite harmonie boisée, des cuivres aux couleurs ambrées parfaitement intégrées à l’orchestre, des cordes denses et soyeuses, et une fusion des timbres au service d’une lisibilité exemplaire. Ces éléments se conjuguent pour offrir une interprétation raffinée de ce Ciel d’hiver, plus contemplative et immobile que véritablement glacée pour l’occasion, où la masse invisible des cordes crée un continuum sonore d’où émergent, par moments, de magnifiques solos instrumentaux.


Traditionnellement mal-aimé et souvent incompris, tant par les violonistes que par le public, le Concerto pour violon de Schumann fut la véritable révélation de la soirée. Frank Peter Zimmermann et Daniele Gatti semblent avoir compris mieux que quiconque la signification de chaque phrase et livrent une explication de texte convaincante, capable de convertir tous ceux qui avaient échoué à décrypter les arcanes de la partition. S’il subsiste quelques inévitables longueurs durant ces trente minutes de musique, il n’y a pas un seul temps mort. Le parti pris était pourtant audacieux : un usage généreux du rubato, des tempos amples, des timbres chaleureux – tout l’opposé d’un dégraissage radical. Le travail minutieux des nuances, notamment ces crescendos impérieux qui embrasent la partition – souvent à contre‑courant de ce que l’intuition pourrait suggérer – fournit les clefs de compréhension de l’œuvre et maintient sa cohésion sans la surcharger. Les différents épisodes architecturaux sont clairement différenciés, dans le plus pur esprit schumanien : la coda du premier mouvement se déroule comme la morale d’un conte, le final cède peu à peu une euphorie obsessive. Frank Peter Zimmerman fait chanter sa partie avec la même dévotion qu’un autre le ferait dans le concerto de Bruch, offrant une incroyable variété de phrasé et d’articulation, prenant son temps pour placer avec naturel des traits de virtuosité peu violonistique et faire respirer la partition. Il s’efface volontiers au sein de l’orchestre, réservant de magiques moments de fusion avec les pupitres de la Staatskapelle.


La Deuxième Symphonie poursuit sur cette lancée, alliant respect du texte et de la richesse harmonique, dépoussiérant la musique par des attaques dynamiques et une revitalisation des nuances. Loin de la grisaille instrumentale qui ternit bon nombre de lectures traditionnelles, l’orchestration de Schumann, souvent décriée, devient dès lors pleinement convaincante, la densité des timbres de l’orchestre bénéficiant en sus de l’espace acoustique exceptionnel offert par la Goldener Saal.


Daniele Gatti semble savourer son début de mandat, laissant avec confiance ses musiciens s’exprimer librement, dirigeant volontiers une main sur la balustrade, voire quittant le podium avant les dernières notes du bis, mais toujours attentif, prêt à animer un phrasé ou mettre un coup de griffe.



Dimitri Finker

 

 

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