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Wagner symphonique et Bruckner théâtral ?

München
Isarphilharmonie
11/14/2024 -  et 15* novembre 2024
Győrgy Ligeti : Atmosphères
Richard Wagner : Lohengrin : Prélude du premier acte – Tristan et Isolde : Prélude et mort d’Isolde
Anton Webern : Six Pièces, opus 6 (version 1928)
Anton Bruckner : Symphonie n° 9

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Sir Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Astrid Ackermann)

Ce n’est pas la première fois que Simon Rattle juxtapose une pièce moderne avec une œuvre orchestrale de Wagner. Lors d’une tournée en 2012, il avait déjà emmené la Philharmonie de Berlin à Genève en enchaînant Atmosphères de Ligeti et le Prélude de Lohengrin, montrant les similarités entre les écarts de dynamique significatifs et les recherches de timbres des deux œuvres.


La relation entre le Webern des Pièces opus 6 et le « Prélude et Mort d’Isolde » est en revanche moins évidente. Certes, les deux œuvres trouvent des élans fortissimo au milieu et finissent par un certain retour au néant, mais les textures, palettes harmoniques et surtout les procédés d’écriture orchestrale sont en fin de compte assez distincts.


Les musiciens de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise impressionnent dans ces œuvres aussi variées. Les cordes ont beaucoup de flamboyance avec une dynamique très large. Comme la semaine dernière avec la Septième Symphonie de Mahler, le pupitre de contrebasses se distingue par sa musicalité et le traitement assez imaginatif de sa partie. Le pupitre des cors, emmené par Carsten Duffin, est d’une incroyable solidité. Rattle, qui n’a pas cette fois‑ci de chanteurs à accompagner comme c’était le cas pour le deuxième acte de Tristan et Isolde, caractérise les pièces avec beaucoup d’expression et une certaine liberté, comme il le ferait dans une symphonie.


La seconde partie est consacrée à la Neuvième Symphonie de Bruckner. Malgré un niveau instrumental à nouveau très élevé, les options choisies par le chef anglais surprennent. Son Bruckner est rapide et tendu, voire dramatique. Le scherzo sec et tendu ne dure que 10 minutes. Sans aller dans les tempi très relâchés et extrêmes d’un Celibidache qui, dans cette même ville, prenait 15 minutes, un Karajan le jouait en 12. Ce ne sont pas des détails à la Beckmesser, mais des signes assez clairs des options des différents musiciens.


Il y a des moments où cette dramatisation marche bien : l’introduction est assez théâtrale, la coda du premier mouvement prise d’un seul élan a une réelle grandeur... Nous sommes à un très haut niveau d’excellence. Mais ce Bruckner un peu pressé est en fin de compte une suite de moments agnostiques et non une pièce organique et métaphysique. Bruckner devrait être bien plus et rappelle que dans cette même salle, les même limitations qu’avaient rencontrés Vladimir Jurowski et l’Orchestre d’Etat de Bavière avec une approche similaire dans la Quatrième Symphonie .


Cette soirée mémorable marquait également le départ à la retraite d’Angela Koeppen, violoniste de l’orchestre depuis 1987. Les musiciens lui ont rendu un vibrant hommage avec le lied Muss i denn zum Städtele hinaus, tandis que le public munichois, fidèle à sa tradition de reconnaissance envers ses artistes, lui offrait une standing ovation bien méritée.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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