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Une Messa da Requiem mémorable Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 11/10/2024 - et 13 novembre 2024 Giuseppe Verdi : Messa da Requiem Masabane Cecilia Rangwanasha (soprano), Marie-Nicole Lemieux (mezzo), Enea Scala (ténor), Michele Pertusi (baryton)
Vlaams Radio Koor, Académie des Chœurs de la Monnaie, Chœurs de la Monnaie, Emmanuel Trenque (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Alain Altinoglu (direction)
A. Altinoglu (© Dirk Leemans)
Au début du mandat de Peter de Caluwe, qui se termine cette saison, la Monnaie a entrepris un cycle de grands requiem, à raison d’un par an, exécuté aux alentours de la Toussaint. La Messa da Requiem (1874) figurait à l’affiche en 2008. Cent cinquante ans après sa création, la voici de nouveau, en cette veille de la commémoration de l’Armistice.
Attentif à la forme et aux détails, Alain Altinoglu concilie remarquablement la double dimension, dramatique et spirituelle, de cette composition d’une envergure exceptionnelle. Sous sa direction pénétrante et rigoureuse, les chanteurs et les musiciens de l’orchestre en expriment avec force et dignité le contenu expressif. L’exécution intensément habitée de l’orchestre se distingue par bien des aspects, et rend compte admirablement de la structure merveilleusement pensée de cette œuvre et de son contenu émotionnel. La netteté de la mise en place, la cohésion entre les différents pupitres et la clarté de la sonorité témoignent d’un travail long et approfondi sur la partition, de la part du chef, mais aussi des instrumentistes dont le jeu précis et juste traduit avec naturel et évidence la profondeur et la puissance de cette musique. L’orchestre livre ainsi une prestation instrumentalement aboutie, notamment celle des cuivres et des percussions.
Tout aussi excellente, la conduite des chœurs, qui combinent merveilleusement finesse et puissance, sous la préparation d’Emmanuel Trenque, atteste d’une attention particulière portée à la tenue du phrasé, à la vigueur de l’intonation, ainsi qu’à l’exactitude de l’expression, tout en nuances, sans excès ni alanguissement. La sonorité, de grande beauté, se rapproche ainsi de celle de l’orchestre, dans un alliage précis et constant. L’interprétation des solistes affiche également des qualités équivalentes. Masabane Cecilia Rangwanasha remplace Lianna Haroutounian, qui a annulé sa participation à ce concert pour des raisons de santé, sans compromettre l’équilibre et le niveau du quatuor. Les interventions de la soprano sud‑africaine, la dernière revêtant, dans cette œuvre, une importance cruciale, ne manquent pas d’impressionner, par la voix, corsée et puissante, mais capable aussi de retenue et de nuance, et par la tenue expressive de son chant. Il serait donc intéressant de retrouver cette chanteuse lors d’une prochaine production. Marie‑Nicole Lemieux délivre, pour sa part, de belles et nobles interventions, au même titre qu’Enea Scala, ce dernier ayant toutefois une légère propension à chanter un rien trop haut. La partie du baryton revient à Michele Pertusi, admirable d’humilité et de profondeur, malgré une voix aux couleurs moins franches que celle de ses partenaires.
A l’issue de cet concert, qui nous a subjugué et ému, la majorité des spectateurs accorde une ovation debout à tous les interprètes.
Sébastien Foucart
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