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Quatuor crépusculaire

Vienna
Konzerthaus
11/10/2024 -  
Joseph Haydn : Quatuors opus 54 n° 1, Hob. III:58, et opus 54 n° 3, Hob. III:59
Robert Schumann : Quatuor n° 3, opus 41 n° 3

Quatuor Hagen : Lukas Hagen, Rainer Schmidt (violons), Veronika Hagen (alto), Clemens Hagen (violoncelle)


R. Schmidt, C. Hagen, V. Hagen, L. Hagen (© Harald Hoffmann)


Le cycle du Konzerthaus consacré au Quatuor Hagen se poursuit pour une quarante‑deuxième saison consécutive, chaque concert proposant un couplage de deux œuvres de Haydn avec un quatuor de Schumann, Janácek ou Brahms.


Si les commentaires que nous avions formulés lors des précédents récitals en janvier 2020 et juin 2023 restent pertinents, pour la première fois les moments de grâce se raréfient, et les faillibilités deviennent plus périlleuses, compromettant le moment vécu par l’auditoire. Les phrasés du premier quatuor de Haydn (Opus 54 n° 1) sont à l’évidence menés avec intelligence, révélant l’esprit qui guide la partition, sans jamais tomber dans la complaisance. Le menuet ménage les appuis rythmiques avec un art issu de la pure tradition viennoise. Le mouvement lent (Allegretto) touche parfois au sublime, tirant cette longue et émouvante contemplation vers des grandeurs dignes des derniers opus beethovéniens.


Le second quatuor (Opus 54 n° 3) souffre clairement de la comparaison directe avec son prédécesseur, et hormis une série de gradations assez spectaculaires menées par le violoncelle dans le premier mouvement, l’ensemble reste relativement peu mémorable (faut‑il ainsi s’étonner d’entendre jouer l’œuvre pour la première fois au Konzerthaus ?). Au fond, ni la pièce ni son interprétation n’apportent de substance décisive au programme.


Si la musicalité des Hagen n’est à l’évidence guère émoussée, ces quatuors classiques exposent sèchement, sans aucune indulgence, tout écart d’intonation, brisant régulièrement l’émotion de l’auditeur. Le confort musical s’accroît considérablement dans le quatuor de Schumann, qui offre un terrain favorable à un vibrato plus appuyé, à des harmonies romantiques plus exubérantes, et en conséquence une tolérance plus importante aux imperfections de justesse. Les interprètes mettent en place très progressivement les éléments de l’œuvre, utilisant une infinie palette d’attaques et de couleurs pour faire avancer, pas à pas, avec finesse et intériorité, leur vision de la partition – mais parviennent-ils à véritablement aboutir quelque part ? Leur lecture irradie une luminosité crépusculaire, intimiste, teintée d’une douleur résignée, parfaitement adaptée au troisième mouvement fantomatique, mais qui laisse aussi une sensation d’inachevé dans les autres mouvements, en estompant le côté haletant et palpitant des fulgurances schumaniennes. Tout compte fait, un résumé exact de l’impression laissée par un concert en demi‑teinte.



Dimitri Finker

 

 

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