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Grande petite Troisième

Vienna
Konzerthaus
10/15/2024 -  et 12 (Dortmund), 13 (Luxembourg) octobre 2024
Johannes Brahms : Danses hongroises, WoO 1 : 17. Andantino (orchestration Antonín Dvorák) & 3. Allegretto – Concerto pour violon, opus 77 – Symphonie n° 3, opus 90
Nikolaj Szeps-Znaider (violon)
Budapesti Fesztiválzenekar, Iván Fischer (direction)


I. Fischer (© Marco Borggreve)


Ce troisième volet regroupant symphonies et concertos de Brahms, parvient à dépasser les attentes qu’Iván Fischer et ses musiciens de l’Orchestre du Festival de Budapest avaient pu susciter lors de leurs précédentes apparitions en février et en mai.


Les deux Danses hongroises jouent à merveille leurs rôles de mise en bouche exquises, interprétées avec une décontraction qui complète la perfection de l’exécution, s’autorisant des petites touches folkloriques qui semblent sortir tout droit des faubourgs de Budapest.


Le violoniste danois Nikolaj Szeps-Znaider (un autre grand nom formé par Boris Kushnir à Vienne), qui est peut‑être plus connu en France dans ses attributions de chef d’orchestre, nous livre un Concerto de Brahms de très grande classe, au romantisme épuré, qui économise les effets pour y insuffler un maximum d’intensité. Ce violon limpide, solaire, contrôlé, à la sonorité mordorée et d’une intelligibilité méticuleuse semble parfois planer au‑dessus de l’accompagnement orchestral avant de s’y fondre en un clin d’œil. Le premier mouvement se conclut en apesanteur, porté par un vibrato du soliste qui ralentit pour ne pas perturber la ligne mélodique, déclenchant des applaudissements spontanés du public, une manifestation encouragée pour une fois par le chef. L’Adagio différencie et dramatise les séquences musicales, allant de l’avant sans précipiter la musique. Le final évite tout excès folklorique facile, s’installant au fond des temps pour y trouver des appuis solides, avant de se permettre de lâcher quelque peu la bride dans la conclusion. Les musiciens hongrois se révèlent des partenaires versatiles et impeccables, sachant aussi bien relancer fougueusement les tutti, qu’offrir au soliste des moments chambristes de pure grâce.


La Troisième Symphonie semble, plus que toute autre, correspondre au plus près à la vision d’Iván Fischer et de ses musiciens ; gageons qu’avec de tels interprètes, l’œuvre figurerait bien plus souvent au programme des concerts qu’elle ne l’est encore de nos jours. Les clairs‑obscurs, les ambiguïtés tonales, les revirements capricieux de textures et de couleurs sont tous remarquablement mis en valeurs avec un simplicité et un naturel exempts de tout trace démonstrative ou expérimentaliste que nous avions pu souligner dans les précédents opus. Le deuxième mouvement, d’une beauté transcendantale, nous plonge dans une splendeur orchestrale à la fois tellurique, bucolique et profondément contemplative, un festival de sonorité que bien peu d’orchestres au monde peuvent offrir. Le Poco Allegretto, en revanche, aère les textures, ménageant les enchaînements d’épisodes de tension et de détente avant de conclure sur un final rageur, d’une explosivité contenue qui se transforme en une odyssée sonore nous conduisant vers un hymne rédempteur.


Force est de constater combien les lectures de concert d’Iván Fischer gagnent en intensité et en liberté par rapport à ses enregistrements, remarquables par ailleurs, mais bien plus tenus et techniques. Nous attendons avec impatience la suite cet exceptionnel cycle Brahms.



Dimitri Finker

 

 

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