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So British

Paris
Boulogne‑Billancourt (La Seine musicale)
10/17/2024 -  et 18 (Eindhoven), 19 (Brugge) octobre 2024
Edward Elgar : Concerto pour violon en si mineur, opus 61
Jean Sibelius : Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 43

Vilde Frang (violon)
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Robin Ticciati (direction)


R. Ticciati (© Robin Ticciati)


Qui d’autre que ce chef britannique pour programmer un concert associant Elgar et Sibelius comme aurait pu le faire Sir Colin Davis, un de ses maîtres ? Robin Ticciati, maintenant quarantenaire, à la carrière discrète mais sage et bientôt en partance de Berlin où il est le directeur musical depuis 2015 de l’Orchestre symphonique allemand (DSO), est présent ce soir pour la seconde fois à La Seine musicale (voir ici).


Le Concerto pour violon d’Elgar n’a pas la célébrité de celui pour violoncelle. Il a toutefois été remis au goût du jour, d’abord par Renaud Capuçon, qui l’a enregistré à la fin de la pandémie pour Erato avec Sir Simon Rattle, l’autre mentor de Robin Ticciati, et plus récemment par Vilde Frang, la violoniste norvégienne présente ce soir, qui vient de publier un enregistrement chez Warner Classics accompagnée également par Robin Ticciati et le DSO Berlin. De là à penser qu’il s’agit d’une tournée promotionnelle...


Un des plus longs concerto pour violon du répertoire, l’œuvre d’Elgar, dédiée et créée par Fritz Kreisler à Londres en 1910, nécessite un soliste exceptionnel. Pas de doute, Vilde Frang appartient à cette catégorie, livrant une lecture puissante, intense, nuancée, sans aucune faille et d’une maîtrise superlative. Tout est beau, juste, le son est superbe, la projection belle et l’entente avec Robin Ticciati est palpable. Le DSO, fiable et précis, se fait plus qu’accompagnateur, sous la direction avec baguette précise et fluide de Robin Ticciati. Les trois mouvements, très différents, s’enchaînent sans accroc et la cadence du dernier mouvement est un intense moment de poésie. Même les quelques longueurs de cette pièce fleuve sont habités par des interprètes toujours actifs et investis. En somme, du très beau travail qui donne envie d’écouter l’enregistrement d’une pièce peu donnée au concert et mal connue.


La Deuxième Symphonie de Sibelius est une œuvre fascinante à plus d’un titre. Souvent considérée comme une pièce romantique de la première période du compositeur finlandais, elle trouve ici des interprètes manifestement experts, passionnés et de grand talent. On sent Robin Ticciati, comme ses maîtres Sir Simon Rattle et Sir Colin Davis, à l’aise avec l’univers changeant et si particulier de Sibelius. Le DSO fait preuve d’une belle efficacité et d’une grande unité de jeu dans cette partition foisonnante. Robin Ticciati maîtrise à la perfection les ruptures, les enchaînements, les contrastes sans tomber dans l’excès ni la caricature. Il parvient même à habiter les silences avec un art consommé. Le final est un grand moment d’orchestre, reposant notamment sur les incroyables contrebasses d’une formation toujours bien allemande dans sa culture sonore. Il n’y a ce soir aucune saturation malgré une acoustique plus sèche et sans doute moins adaptée aux orchestres symphoniques que la salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris.


Si Vilde Frang ne donne pas de bis (mais dédicace ses disques), Robin Ticciati ne résiste pas à diriger le célèbre « Nimrod » des Variations « Enigma » d’Elgar. La boucle est bouclée et l’on ne se refait pas : British un jour, British toujours. A ce propos hormis la ressemblance physique avec Simon Rattle (et ce n’est pas qu’une histoire de cheveux...), on est frappé par certains points communs dans la direction de ces deux chefs, notamment dans l’utilisation de la main gauche, comme le fait parfois Daniel Harding. Y aurait‑il une école britannique de direction d’orchestre ? Ce soir la réponse semble clairement oui.



Gilles Lesur

 

 

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