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Une Ariane pleine de vie et d’émotions

Zurich
Opernhaus
09/22/2024 -  et 25, 28 septembre, 3, 6, 10*, 13, 18, 22 octobre 2024
Richard Strauss : Ariadne auf Naxos, opus 60
Daniela Köhler (Primadonna, Ariadne), John Matthew Myers*/Brandon Jovanovich (Der Tenor, Bacchus), Martin Gantner (Ein Musiklehrer), Ziyi Dai (Zerbinetta), Lauren Fagan (Der Komponist), Kurt Rydl (Der Haushofmeister), Tomislav Jukic (Ein Offizier), Nathan Haller (Ein Tanzmeister), Felix Gygli (Ein Perückenmacher), Maximilian Bell (Ein Lakai), Yannick Debus (Harlekin), Daniel Norman (Scaramuccio), Hubert Kowalczyk (Truffaldin), Andrew Owens/Timothy Oliver* (Brighella), Yewon Han*/Juliana Zara (Najade), Dominika Stefanska/Siena Licht Miller* (Dryade), Rebeca Olvera/Aurora Martens* (Echo)
Philharmonia Zürich, Markus Poschner (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Michael Levine (décors), Hannah Clark (costumes), Franck Evin (lumières), Kathrin Brunner (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Pour son avant-dernière mise en scène à l’Opernhaus de Zurich – un théâtre qu’il quittera à la fin de cette saison, après l’avoir dirigé pendant douze ans – Andreas Homoki a opté pour Ariane à Naxos de Richard Strauss. Si le concept qu’il a choisi – le théâtre dans le théâtre – n’a rien de bien nouveau, la production se révèle néanmoins particulièrement vive et animée grâce à une troupe homogène d’excellents chanteurs qui sont aussi de très bons comédiens s’impliquant entièrement dans leur personnage respectif. L’émotion et l’humour caractérisent aussi le spectacle. Avant même que l’orchestre égrène les premières notes du Prologue, les chanteurs, en survêtements noirs, entrent sur scène, se saluent, font des signes aux musiciens dans la fosse, s’étirent et chauffent leur voix. Une longue perche descend des cintres, sur laquelle sont suspendus les costumes que chacun viendra prendre. Le majordome est ici un régisseur qui, coiffé d’oreillettes, s’occupe des lumières et des accessoires. Sur le plateau, une nuée de techniciens s’affairent à transporter des chaises et des pupitres. Puis l’île déserte sur laquelle est abandonnée Ariane est représentée par une chambre à coucher avec un immense lit encadré par deux tables de chevet et deux lampes ; le sol est recouvert d’un immense tapis. Le décor est répliqué à la verticale contre la paroi de l’arrière‑scène ; l’effet est absolument saisissant.


A la tête du Philharmonia Zürich, Markus Poschner propose une interprétation claire et transparente de la partition, permettant d’entendre tous les pupitres. La musique est ample et aérienne et respire naturellement. Le prélude de l’acte I est absolument magnifique. On l’a dit, la distribution vocale est particulièrement homogène et d’excellent niveau. Parmi les personnages principaux, nombreuses sont les prises de rôle. Lauren Fagan est un splendide compositeur, à la voix plus claire que ce qu’on entend habituellement dans le rôle. Si les moments de colère sont réussis, c’est néanmoins dans les pages plus mélancoliques et lyriques que la chanteuse se révèle à son meilleur, dégageant beaucoup d’émotion. La Zerbinetta espiègle de Ziyi Dai démontre une grande assurance dans les vocalises de son grand air (« Grossmächtige Prinzessin »). Les duos entre le compositeur et Zerbinetta sont parmi les moments forts de la soirée, les voix des deux chanteuses se mariant idéalement. Au terme du premier duo, Zerbinetta vient déposer un baiser sur les lèvres du compositeur, qui lui rend immédiatement la pareille, déclenchant un frisson dans la salle. Malgré un léger vibrato, Daniela Köhler incarne une Primadonna/Ariane touchante et vulnérable, malgré ses allures de diva ; la voix est homogène et les aigus sûrs. Son grand air « Es gibt ein Reich » est rendu avec beaucoup d’expressivité. Le Bacchus de John Matthew Myers a une voix puissante et bien projetée, avec aussi un timbre chaud et moelleux ; la tessiture plutôt tendue du rôle ne lui pose aucun problème. Kurt Rydl incarne un Majordome très pince‑sans‑rire et impatient, alors que Martin Gantner est un Maître de musique bonhomme et débonnaire. Tous les personnages secondaires sont excellents et complètent idéalement la distribution. La scène finale est, elle aussi, splendide : sur le plateau complètement nu, le compositeur vient donner la main à Zerbinetta et tous les deux s’enfuient dans les coulisses. Un spectacle haut en couleur, durant lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde.



Claudio Poloni

 

 

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