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En noir et blanc

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Opera Vlaanderen
10/04/2024 -  et 8, 10, 12, 13, 14, 18, 20, 22, 24 septembre (Antwerpen), 6*, 8, 11, 13, 16 octobre (Gent) 2024
Giacomo Puccini : Madama Butterfly
Celine Byrne*/Ana Naqe (Cio-Cio San), Lotte Verstaen (Suzuki), Ovidiu Purcel*/Lukasz Zaleski (Pinkerton), Vincenzo Neri (Sharpless), Mathilda Sidén Silfver (Kate Pinkerton, La mère de Cio‑Cio San), Denzil Delaere (Goro), Hugo Kampschreur (Yamadori), Nika Guliashvili (Bonzo), Yu‑Hsiang Hsieh (Yakuside), Mikhail Golovushkin (Le commissaire impérial), Kwanhee Park (L’officier d’état civil), Herlinde Van Den Bossche (Lazia), Jennifer Coleman (La Cugina)
Koor Opera Ballet Vlaanderen, Jef Smits (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Daniela Candillari (direction musicale)
Mariano Pensotti (mise en scène), Mariana Tirantte (décors, costumes), Alejandro Le Roux (lumières)


(© Annemie Augustijns)


L’Opéra des Flandres débute sa saison avec une Madama Butterfly (1904) créée à l’Opéra du Rhin en 2021. Le programme, à propos de cette production, utilise discrètement le terme recréation sans préciser dans quelle mesure, par rapport à la mise en scène de Strasbourg.


Mariano Pensotti privilégie la concentration du propos. Très épurée, la scénographie joue sur deux couleurs dominantes, le blanc et le noir, et ne comporte presque aucune référence explicite ou trop évidente au Japon. Presque, en effet, car la mise en scène ajoute en contrepoint le récit de Maiko Nakamura, projeté par intermittence sur un écran, une sexagénaire dont les grands‑parents sont morts dans l’explosion atomique à Nagasaki. Cette femme de théâtre, installée en Europe depuis trente ans, revient dans son pays natal, dont nous voyons des images sur une vidéo, et à son retour se suicide, comme l’héroïne de l’opéra de Puccini, la veille de la première. Un concept a priori intéressant, et même d’une grande force, indépendamment de la difficulté, par moments, de suivre en même temps le récit et l’action sur la scène, mais sa concrétisation paraît artificielle, car cette histoire est... totalement fictive. Cependant, et assez paradoxalement, sans cette idée, il aurait manqué quelque chose à cette mise en scène, nonobstant la beauté de la scénographie constituée d’un arbre renversé, de deux souches, d’une maison, d’abord noire, ensuite ouverte sur des panneaux figurant une végétation arborée, enfin comme suspendue, la pointe du toit dirigée vers le bas. Cette mise en scène, qui aborde cet opéra avec sobriété et justesse, laisse toutefois une impression de beauté, le dépouillement n’excluant aucunement la profondeur. La direction d’acteur, quant à elle, se distingue par sa précision et son intensité.


Modeste, voire frustrante, sur le papier, la distribution se hisse, toutefois, à un niveau estimable. La majorité des chanteurs se montrent, en effet, crédibles et au point. L’Opéra des Flandres a prévu une double distribution pour le rôle‑titre et celui de Pinkerton. Celine Byrne délivre une incarnation juste et sensible de Cio‑Cio San, un personnage dont elle fait habilement évoluer la personnalité, malgré une apparence physique assez peu différenciée entre le premier acte et les deux autres. La soprano possède une voix qui convient et fait montre d’un solide métier, de pair avec une belle présence. Les nombreux petits rôles ont été bien distribués. Le personnage de Suzuki, incarné avec discrétion et finesse, révèle le potentiel assez considérable de Lotte Verstaen, qui compte parmi la jeune génération de chanteurs belges à même de développer un intéressant parcours artistique. Ovidiu Purcel peine à être convaincant en Pinkerton, malgré les réelles qualités vocales du ténor. Le personnage manque de charisme, de prestance, au contraire du Sharpless de Vincenzo Neri, un fort bon chanteur qui apparaît régulièrement à l’affiche des spectacles de l’Opéra des Flandres. Les plus petits rôles ont été bien distribués. Parmi eux se distingue le Yamadori chanté avec tenue et finesse par Hugo Kampschreur, mais aussi le Goro de Denzil Delaere, tandis que Mathilda Sidén Silfver attire l’attention, malgré une partie vocale somme toute réduite : Kate Pinkerton apparait vêtue comme Cio‑Cio San, ce qui produit un effet dramatique assez troublant.


Le fini instrumental de l’orchestre témoigne de son excellent niveau. La direction de Daniela Candillari met bien en valeur la beauté et la finesse de l’écriture de Puccini. L’exécution affiche un équilibre remarquable, sur le plan des tempi, mais aussi de la dynamique, et restitue, avec naturel et conviction, la puissance dramatique et expressive de cette musique, sans faute de goût. Les choristes livrent, enfin, une prestation tout à fait estimable, mais ils ne semblent pas avoir fait l’objet d’une attention particulière du metteur en scène, qui exploite sans grande originalité leur potentiel dramatique. Tout compte fait, des trois maisons belges, c’est l’Opéra des Flandres qui propose le plus intéressant premier spectacle de la saison.


Le site de l’Opera Ballet Vlaanderen



Sébastien Foucart

 

 

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