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Un bal qui démasque de jeunes talents

Parma
Busseto (Teatro Verdi)
09/27/2024 -  et 28 septembre, 5*, 12, 18 octobre 2024
Giuseppe Verdi : Un ballo in maschera
Giovanni Sala/Davide Tuscano* (Riccardo), Lodovico Filippo Ravizza*/Kang Hae (Renato), Caterina Marchesini*/Ilaria Alida Quilico (Amelia), Licia Piermatteo (Oscar), Giuseppe Todisco (Silvano), Agostino Subacchi (Samuel), Lorenzo Barbieri (Tom), Francesco Congiu (Un giudice, Un servo di Amelia)
Coro del Teatro Regio di Parma, Martino Faggiani (préparation), Orchestra Giovanile Italiana, Fabio Biondi (direction musicale)
Daniele Menghini (mise en scène), Davide Signorini (décors), Nika Campisi (costumes), Gianni Bertoli (lumières)


(© Roberto Ricci)



Avec sa nouvelle production du Bal masqué, le Festival Verdi de Parme mise clairement sur la jeunesse : les rôles chantés sont confiés à des interprètes de la nouvelle génération et la fosse est occupée par des musiciens venant de terminer leur formation. Et quoi de plus exaltant, pour les spectateurs, que de se dire qu’ils assistent peut‑être à l’éclosion des stars de demain. C’est d’ailleurs ce que beaucoup ont dû penser en écoutant le superbe Riccardo du jeune ténor Davide Tuscano, la révélation du spectacle. Un nom à retenir, assurément. S’il y a bien un opéra de Verdi dans lequel le ténor peut briller de mille feux, c’est sans conteste Un bal masqué. Riccardo ardent, juvénile et éperdument amoureux, au timbre solaire, aux aigus rayonnants, au phrasé élégant, au sens des nuances et au charisme scénique, il n’y a rien à dire, Davide Tuscano a toutes les qualités pour réussir une belle carrière. Chaleureusement applaudie au rideau final dans le rôle d’Ulrica, Danbi Lee séduit, quant à elle, par sa voix grave extrêmement bien projetée et ses phrases parfaitement ciselées. Avec son chant expressif, son émission pleine et ronde et sa diction exemplaire, Lodovico Filippo Ravizza est déjà un Renato de grand relief, malgré ses 29 ans. Licia Piermatteo semble faire fi avec une facilité déconcertante des vocalises d’Oscar et se révèle un page virevoltant. La seule déception vient de l’Amelia de Caterina Marchesini, dépassée par le rôle, notamment dans les pages dramatiques et dans le haut de la tessiture, les passages lyriques lui convenant nettement mieux. Les rôles secondaires sont tous excellents, à commencer par le Samuel d’Agostino Subacchi et le Tom de Lorenzo Barbieri ainsi que par le Silvano de Giuseppe Todisco.


Dans la fosse, la direction musicale de Fabio Biondi ne convainc qu’à moitié. Le chef ne semble guère inspiré et propose une lecture relativement plate et lourde de la partition, sans la dramaticité et la respiration requises. Par ailleurs, même si l’effectif orchestral est réduit, du fait de la petite taille du Teatro Verdi de Busseto – 300 places – le son est parfois excessivement fort, au point de couvrir les chanteurs. On l’a dit, les musiciens sont très jeunes et ils manquent çà et là de cohésion et de précision, quand bien même certains soli sont superbes, comme le violoncelle dans « Morrò, ma prima in grazia ».


Le metteur en scène Daniele Menghini a eu la curieuse idée de faire de Riccardo un sosie du capitaine Jack Sparrow et de situer l’action dans un décor digne de Pirates des Caraïbes, avec force têtes de morts, figurines d’angelots et ballons noirs. Si, à la rigueur, une telle transposition peut se justifier pour la scène de l’antre d’Ulrica, où Riccardo débarque en habit de pêcheur (pêcheur ou pirate, c’est presque pareil !), ou pour la scène au cours de laquelle Riccardo et Amelia se déclarent leur flamme, dans un lieu supposé être sombre et terrifiant, pour le reste de l’opéra cette mise en scène apparaît plutôt comme un gag. On admire néanmoins les magnifiques costumes de Nika Campisi et les superbes lumières de Gianni Bertoli, qui donnent des tonalités baroques au spectacle. Alors qu’importe si les choristes dansent la macarena, si Riccardo se travestit, si une drag queen distribue des substances hallucinogènes à tous ou encore si des figurants à moitié nus fument et consomment des drogues, au moins la mise en scène ne gêne guère et laisse aux spectateurs tout loisir d’apprécier le chant des jeunes interprètes de la distribution.



Claudio Poloni

 

 

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