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Le rouge et le noir

Innsbruck
Tiroler Landestheater
10/05/2024 -  et 10, 13, 20, 24, 30 octobre, 8, 14, 17, 24 novembre, 6, 27 décembre 2024
Giuseppe Verdi : Falstaff
Johannes Maria Wimmer*/Claudio Otelli (Sir John Falstaff), Cristiana Oliveira (Mrs Alice Ford), Anastasia Lerman (Nannetta), Abongile Fumba (Mrs Quickly), Camilla Lehmeier (Mrs Meg Page), Jacob Phillips (Ford), Alexander Fedorov (Fenton), Jakob Nistler (Dott. Cajus), Jason Lee (Bardolfo), Oliver Sailer (Pistola)
Chor und Extrachor des Tiroler Landestheaters Innsbruck, Michel Roberge (chef de chœur), Tiroler Symphonieorchester Innsbruck, Matthew Toogood (direction musicale)
Tobias Ribitzki (mise en scène), Stefan Rieckhoff (décors, costumes), Thomas Schmidt-Ehrenberg (dramaturgie)


J. Phillips, C. Oliveira, A. Fumba, C. Lehmeier (© Birgit Gufler)


Falstaff de Verdi ouvre la saison d’opéra du Landestheater d’Innsbruck. On y retrouve, ce qui est un bon présage, plusieurs artistes ayant participé au pétillant Amour des trois oranges. Le Roi de trèfle chante ainsi Falstaff, le Prince devient Fenton, Sméraldine Mrs Quickly et l’orchestre rejoue sous la baguette de Matthew Toogood.


Tobias Ribitzki situe l’action de ce Falstaff dans un décor unique assez épuré. Les couleurs des costumes et des décors sont blancs, gris et noirs. Nous ne sommes pas à l’ère élisabéthaine mais plutôt dans le monde des films comiques d’un Mack Sennett.


Au milieu de la scène trône un Falstaff en rouge, jeune et crédible en séducteur, qui apportera au fur et mesure de l’histoire aux différents personnages un peu sévères une certaine bonne humeur, symbolisée par l’apparition d’une collection de petits objets rouges : le foulard qu’Alice se met autour du cou, la ceinture de Meg, le corsage de Mrs Quickly..., la plus belle idée étant Nannetta qui sort de sa cachette derrière le paravent avec une des chaussettes rouges de Fenton. Seuls le Docteur Cajus et Ford resteront en noir et blanc sans être touchés par la grâce falstafienne. Avec une action lisible et une direction d’acteurs de grande qualité, c’est une grande réussite.

D’une distribution globalement homogène ressortent le Ford de Jacob Phillips, baryton anglais qui a une réelle autorité et un beau timbre, ainsi que de la délicieuse Nannetta d’Anastasia Lerman, aux aigus lumineux. Les deux mezzos, Abongile Fumba en Mrs Quickly et Camilla Lehmeier en Meg, sont solides et peut‑être un peu sérieuses. Le Fenton d’Alexander Fedorov met un moment pour se sentir dans le rôle. Les notes sont là mais le timbre est parfois un peu sombre. Il trouve cependant un beau phrasé dans son air du troisième acte. Le Falstaff de Johannes Maria Wimmer est peut‑être plus problématique. Sans doute cherche‑t‑il encore ses marques mais la projection est insuffisante dans la première partie. Mais il retrouve la mesure de l’air du troisième acte. Cristiana Oliveira campe une Alice bien malicieuse. La voix est puissante et lui permet de donner quelques superbes notes aigues « claironnantes » dans la fugue finale. Complices, Jakob Nistler, Jason Lee et Oliver Sailer s’amusent sur scène.


La direction de Matthew Toogood est alerte et vivace, nous rappelant qu’il a dirigé Stravinsky dans cette même salle. Les bois de l’orchestre ressortent avec une belle musicalité. Et lorsqu’il vient saluer à la fin du spectacle, il sort avec élégance de sa veste une pochette rouge. Certains passages trahissent qu’il s’agit d’une première. Le premier quatuor des commères n’est pas complétement en place mais tout se rétablit avec le quintette des hommes qui suit. Ce sont des détails qui devraient naturellement disparaître. Préparés par Michel Roberge, les chœurs, en particulier les femmes, trouvent de belles couleurs dans le dernier acte.


La saison permettra d’entendre des œuvres aussi variées que La Clémence de Titus, Le Chevalier à la rose, Eugène Onéguine ainsi qu’un doublé original d’œuvres de la jalousie : Paillasse et la rareté qu’est le Von heute auf morgen de Schoenberg. Mais dans l’immédiat, voici un Falstaff bien réjouissant.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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