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En route pour le Caucase

Paris
Cité de la musique
09/29/2024 -  
Aram Khatchatourian : Mascarade : Suite, opus 48a – Concerto-Rhapsodie pour violoncelle, opus 99 – Gayaneh, opus 50 : « Berceuse », « Danse des jeunes filles », « Danse d’Aïcha » & « Danse du sabre » – Spartacus, opus 82 : « Introduction et Danse des nymphes », « Scène et danse avec les crotales », « Variation d’Egine et Bacchanale », « Adagio de Spartacus et Phrygia » & « Danse des filles de Gadès et Victoire de Spartacus »
Astrig Siranossian (violoncelle)
Orchestre symphonique d’Etat d’Arménie, Sergey Smbatyan (direction)


A. Siranossian (© Antoine Agoudjian)


La Philharmonie ne pouvait manquer de consacrer un week-end entier à la musique arménienne sans honorer le plus éminent compositeur du pays, Aram Khatchatourian (1903‑1978), connu dans le monde entier pour la luxuriance de ses deux ballets, dont Gayaneh (1942) et sa fameuse « Danse du sabre ». On retrouve précisément cette même inspiration folklorique et haute en couleurs pour débuter le programme, autour de la suite symphonique tirée de la musique de scène de Mascarade (1941). C’est là un début idéal pour chauffer le principal orchestre arménien, mené par les tempi enlevés et sans pathos excessif de Sergey Smbatyan (né en 1987), son fondateur en 2005. Geste sûr et précision des attaques sont les autres marques de ce chef aguerri, par ailleurs chef principal de l’Orchestre philharmonique de Malte.


L’exigence de ce concert se reconnaît aussi à son programme, qui ose sortir des sentiers battus pour proposer un visage autrement plus ambitieux de Khatchatourian, celui de sa musique concertante. Tous les mélomanes connaissent le Concerto pour violon (1940), dédié à David Oïstrakh, qui reste encore donné sur scène (voir notamment à Monte‑Carlo en 2022), tandis que son équivalent au violoncelle se fait plus rare, malgré une belle gravure récente. Si ce premier concerto pour violoncelle était dédié en 1946 à Sviatoslav Knouchevitski (membre du Trio Oïstrakh), c’est bien Rostropovitch qui sera dédicataire du suivant, appelé Concerto-Rhapsodie (1963). Le contraste est saisissant avec Mascarade, tant Khatchatourian montre une inspiration autrement plus sérieuse, aux motifs répétés et obsédants. Le ton se fait d’emblée plus dépouillé et sombre, en invitant à la concentration sur la soliste Astrig Siranossian : la cadence élaborée qui suit la brève introduction orchestrale lui permet de faire l’étalage de son tempérament ardent, sans jamais sacrifier à l’expression des sonorités. A l’instar des Khachatryan, la Française est issue d’une famille de musiciens, notamment sa sœur Chouchanne au violon (voir son récent disque paru chez Alpha). Elle s’adresse au public venu en nombre, en grande partie constitué de membres de la diaspora arménienne, pour lui dédier en bis le chant populaire Sareri hovin mernem. La violoncelliste surprend l’assistance en chantant elle‑même cette mélodie aux accents nostalgiques, dans la langue de ses ancêtres. Ce moment d’émotion en hommage aux montagnes du Caucase est d’autant plus palpable qu’il est interprété en une pudeur touchante, sans effets ni artifices. De quoi donner envie de découvrir l’album « Duo Solo » (paru chez Alpha en 2022), qu’Astrig Siranossian a en grande partie dédié à ce répertoire.


Après l’entracte, on revient au Khatchatourian plus connu, autour d’extraits du ballet Gayaneh (1942), qui nous plongent dans une énergie rythmique parfois torrentielle aux percussions, avec des cuivres d’une tenue admirablement maîtrisée. Le chef reste attentif aux nuances, sans jamais sacrifier à l’élan narratif, tout en faisant ressortir des détails aux bois. Le talent d’orchestrateur de Khatchatourian est ici éclatant, dans la lignée de ses illustres prédécesseurs, Borodine, Rimski‑Korsakov ou Prokofiev. On reste sur le même allant spectaculaire avec le ballet Spartacus (1956), qui montre peut‑être davantage de lyrisme, tout particulièrement l’évocateur « Adagio de Spartacus et Phrygia ». Même si on aurait aimé davantage d’accents narquois ou grinçants, ici et là, l’interprétation montre un niveau exemplaire, logiquement accueilli par un public ravi. L’orchestre ne s’y trompe pas et se montre particulièrement généreux en offrant deux bis pour conclure la soirée, Pour toi Arménie (1989) de Charles Aznavour » et un ultime extrait de Gayaneh, « Lezginka ».


Le site de Sergey Smbatyan
Le site d’Astrig Siranossian
Le site de l’Orchestre symphonique d’Etat d’Arménie



Florent Coudeyrat

 

 

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