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Correspondances ravéliennes

Saint-Jean-de-Luz
Eglise Saint-Jean-Baptiste
09/03/2024 -  et 17 août 2024 (Santes Creus)
Jean-Baptiste Lully : Le Bourgeois gentilhomme, LWV 43 : « Marche pour la cérémonie des Turcs » – Alceste, LWV 50 : « La Pompe funèbre »
Marin Marais : Quatrième Livre de pièces de viole : Suite d’un goût étranger : « L’Arabesque » – Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont-de-Paris
Maurice Ravel : Shéhérazade : 2. « La Flûte enchantée » – Deux Mélodies hébraïques : 1. « Kaddisch » – Cinq Mélodies populaires grecques : 1. « Chanson de la mariée » – Pavane pour une infante défunte (arrangements Savall)
Traditionnel : La rosa enflorece – Noumi, noumi yaldatiiAurtxo txikia negarrez (arrangement Savall) – TillirkotissaKoniali
Anonyme : Tiento de falsas – No hay que decirle el primor
Santiago de Murcia : Fandango
Joan Cabanilles : Corrente italiana
Juan Aranés : Chaconne « A la vida bona »
François Couperin : Les Goûts réunis ou Nouveaux Concerts : Dixième Concert : 3. « Plainte pour les violes »

Núria Rial (soprano)
Le Concert des Nations : Charles Zebley (flûtes), Manfredo Kræmer (violon), Philippe Pierlot (basse de viole), Chiara Granata (harpe), Luca Guglielmi (clavecin), Xavier Diaz‑Latorre (théorbe, guitare), David Mayoral (percussion), Jordi Savall (violes de gambe soprano et basse, direction)


J. Savall, N. Rial (© Festival Ravel/KOMCEBO)


Mais que diable Jordi Savall vient‑il faire au Festival Ravel ? La programmation a beau être diversifiée et audacieuse, le lien n’apparaît pas évident a priori. Mais le directeur artistique, Bertrand Chamayou, avait envie – on le comprend – d’inviter le musicien catalan et celui‑ci a brillamment relevé le défi en dépliant un étonnant éventail de dix‑neuf pièces enchaînées et regroupées en six parties successives : « Shéhérazade », « Mélodies sépharades et hébraïques », « Suite/Rapsodie ibérique baroque », « Mélodies grecques », « Pompes funèbres » – qui résonne tout particulièrement en ce concert dédié à la mémoire d’André Darfay, ancien délégué général Musique en Côte basque, disparu le 2 septembre – « Ostinatti ».


Ainsi que l’indique l’intitulé de ce programme, « Maurice Ravel, inspirations et métamorphoses », Savall a travaillé sur différentes inspirations géographiques du compositeur (l’Orient, la Grèce et, évidemment, l’Espagne) mais a également métamorphosé pour un ensemble complètement improbable (flûte, théorbe, harpe de 1845, violon baroque, violes de gambe, clavecin et percussion) trois de ses mélodies et une pièce pour piano (la Pavane pour une infante défunte). Il a en outre tiré le fil de cette Pavane pour le rapprocher de musiques funèbres baroques et n’a pas eu de mal à trouver des pendants anciens à la répétition caractéristique du Boléro. Avec sa connaissance encyclopédique du répertoire ancien et traditionnel – et, visiblement aussi, de l’œuvre de Ravel –, il a su trouver des correspondances fascinantes, comme le ressassement de quatre notes obsédantes commun à un Tiento de falsas et au « Prélude à la nuit » de la Rapsodie espagnole.


Haut lieu d’une riche histoire franco-espagnole, l’église Saint-Jean-Baptiste (XVe‑XVIIe siècles), où Louis XIV épousa en 1660 l’infante Marie‑Thérèse d’Espagne, n’est pas toujours idéal pour les sept musiciens du Concert des Nations et leur chef gambiste, dont le son et le tonus s’étiolent parfois dans ces imposants volumes. Núria Rial est difficilement compréhensible quand elle chante en français mais on ne peut que s’incliner devant la qualité de la voix et la variété de l’expression dans ces pages tour à tour mutines ou recueillies : le « Kaddisch » ravélien, longtemps soutenu par un simple bourdon de viole de gambe et quelques interjections de la harpe, reste ainsi comme l’un des moments forts de cette soirée.


Depuis Tous les matins du monde, la popularité de Jordi Savall est intacte : l’église est pleine jusqu’aux trois galeries supérieures et l’ovation debout est récompensée, nonobstant des lumières capricieuses, par deux bis, pages (anonymes) emblématiques du répertoire de l’ensemble : d’abord la Bourée d’Avignonez, issue du recueil de pièces rassemblées par Philidor et composée en 1601 pour la naissance du Dauphin, le futur Louis XIII, puis De tu vista celoso, délicieuse séguedille en écho extraite du Cancionero de la Sablonara, où la répétition de fins de mots produit des doubles sens licencieux. Voilà qui nous entraînerait maintenant vers L’Heure espagnole !


Le site du Concert des Nations



Simon Corley

 

 

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