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Saint-Jean-de-Luz
Ciboure (Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine Les Récollets - Ancienne chapelle)
09/02/2024 -  
« Entre tradition et création : chants et musiques basques »
Ensemble Hegiak : Harkaitz Martínez de San Vicente, Mikel Ugarte (txalaparta), Thierry Biscary, Ander Zulaika, Enaut Elorrieta (voix, percussions)




Associé depuis 2019 à son prédécesseur, Jean‑François Heisser, Bertrand Chamayou assume désormais seul, depuis cette année, la direction artistique et la présidence du Festival Ravel en Pays basque, dont c’est, du 19 août au 4 septembre, la quatrième édition sous cette forme, depuis la fusion de Musique en côte basque et de l’Académie Ravel. Cette dernière poursuit ses activités, pour sa cinquante‑quatrième session, avec près de cinquante talents encadrés par des artistes parmi lesquels Miguel da Silva, Marc Coppey, Jonathan Biss, Rena Shereshevskaya, Véronique Gens, Patricia Petibon ou Michael Jarrell : le public en bénéficie également, pouvant assister à dix‑sept classes de maître et à onze concerts gratuits donnés par les jeunes musiciens. Certains de ces maîtres participent au festival proprement dit avec d’autres personnalités tout aussi renommées : George Benjamin, Mikko Franck, Sol Gabetta, Barbara Hannigan, les sœurs Labèque, Jean-Frédéric Neuburger, Hervé Niquet, Jordi Savall, Tabea Zimmermann, le Quatuor Belcea...


Entre ces affiches prestigieuses et des propositions originales, la programmation se caractérise par une grande diversité, n’oubliant, au cours d’un des « week‑ends thématiques », un nécessaire hommage à Fauré, professeur de composition de Ravel, à l’occasion du centenaire de sa mort. Et la référence au Pays basque dans l’intitulé du festival n’est pas qu’une simple proclamation : si le centre des activités se situe à Saint‑Jean‑deLuz et à Ciboure, des manifestations ont lieu dans plusieurs communes environnantes (Bayonne, Sare, Saint-Pée-sur-Nivelle, Urrugne). Un enracinement géographique mais aussi culturel, qui n’oublie pas l’attachement de Ravel à ses origines basques, même s’il ne ressort sans doute qu’épisodiquement dans sa musique (Trio, Concerto en sol).


Ainsi de la venue de l’Ensemble Hegiak dans l’ancien couvent des récollets de Ciboure (XVIIe siècle), à deux pas de la maison natale du compositeur : une rénovation portée par le Syndicat intercommunal de la baie de Saint‑Jean‑deLuz et Ciboure, qui accueille le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP), inauguré en septembre 2023. Sobre et dépouillée, avec des gradins profitant au maximum de la hauteur de l’édifice, l’ancienne chapelle, où il ne restait pas la moindre place libre, offre un cadre en harmonie avec la soirée offerte par le quintette de chanteurs et musiciens basques, qui mêlent aux chants traditionnels leurs propres créations et des improvisations instrumentales.



H. Martínez de San Vicente, M. Ugarte (© Festival Ravel/KOMCEBO)


Deux des membres de l’ensemble forment par ailleurs le duo Oreka Tx : véritables ludions, Harkaitz Martínez de San Vicente et Mikel Ugarte donnent une démonstration spectaculaire et inspirée de txalaparta, ces planches de bois ou de pierre que chacun frappe avec la base de deux petits bâtons cylindriques. La sonorité est évidemment sui generis mais se rapproche de celle d’un marimba ou d’un balafon, tandis que les cellules répétées et habilement enchevêtrées rappellent parfois les jeux rythmiques d’un Steve Reich.


Les spectateurs non bascophones sont exclus non seulement de la présentation liminaire, dont seule une version abrégée est donnée en français, mais surtout, faute de surtitrage, de l’accès aux textes. Ils s’en consolent cependant très vite, car la langue se révèle particulièrement musicale et les chants (d’une à trois voix) d’une grande variété, avec des moments d’une grande intensité, comme ce Milan royal, belle évocation de l’estive, où pendant que ses partenaires font sonner des cloches de différente taille (brebis, vaches, chevaux), Thierry Biscary entonne une mélodie de berger, tous les cinq se déplaçant lentement tout autour et même à l’extérieur de la salle afin de créer des effets d’éloignement.


Il y a quelque chose de presque initiatique dans ces 75 minutes, surtout pour qui ne comprend pas les paroles, impression accrue par les jeux de lumières. Le souffle d’une culture forte et authentique passe, qui n’est pas sans faire penser à la Bretagne ou à la Corse, ne serait‑ce ces instruments on ne peut plus typiques : ttun ttun (tambourin à cordes), danbor et atabal (tambours), pandero (tambour de basque) et alboka (corne). Mais la musique est un langage universel et l’Ensemble Hegiak fait vibrer le public à l’unisson en l’invitant à chanter deux notes en bourdon puis à frapper dans les mains.


Le site du Festival Ravel en Pays basque



Simon Corley

 

 

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