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La tête dans Les Planètes

Grenoble
La Côte-Saint-André (Château Louis XI)
09/01/2024 -  et 31 août 2024 (Gstaad)
Hector Berlioz : Le Carnaval romain, opus 9
Richard Strauss : Burleske
Gustav Holst : The Planets, opus 32, H. 125

Bertrand Chamayou (piano)
Kauno valstybinis choras, Robertas Servenikas (chef de chœur), London Symphony Orchestra, Antonio Pappano (direction)


(© Festival Berlioz/Bruno Moussier)


« Une jeunesse européenne », thématique de l’édition 2024 du Festival Berlioz, ne connaît décidément pas le Brexit : en cette dernière journée pluvieuse, après les Beatles l’après‑midi, voici un autre habitué d’Abbey Road, l’Orchestre symphonique de Londres, pour sa première visite à La Côte‑Saint‑André. La formation anglaise se présente avec Antonio Pappano, chief conductor, qui succède ce mois‑ci au music director (et désormais conductor emeritus) Simon Rattle (2017‑2023). Cette association ne peut pas même être qualifiée de prometteuse car elle donne d’ores et déjà des résultats exceptionnels dans un programme d’allure très traditionnelle ouverture/concerto/symphonie, mais où l’ouverture n’en était pas vraiment une, le concerto pas vraiment un concerto non plus, et la symphonie une suite symphonique.


Quoi de plus normal pour le direttore emerito de l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte‑Cécile, qui en fut le direttore musicale et artistico durant dix‑huit ans, que de commencer par Le Carnaval romain (1844) ? D’emblée, l’orchestre séduit, soyeux, rutilant et transparent à la fois, avec un parfait solo de cor anglais. Pour son dernier mot, si bref soit‑il, dans cette édition, Berlioz a donc été bien servi mais ceux qui lui succèdent s’inscrivent dans son sillage d’orchestrateur hors pair.


Ainsi de Richard Strauss et de son usage si remarquable des timbales dans le Burlesque (1885). La salle n’est pas des plus favorables au piano, qui semble manquer de basses, mais Bertrand Chamayou met parfaitement en valeur le côté scherzando de cette partition aussi redoutable que les grands concertos sans pour autant être aussi payante pour le soliste. L’orchestre offre un accompagnement de rêve, à commencer par Patrick King, timbalier qui joue un rôle quasi concertant. En bis, le pianiste français nous conduit vers une autre manifestation, le Festival Ravel en pays basque, dont il est le directeur musical depuis cette année, avec une Pavane pour une infante défunte (1899) où le raffinement très poussé des nuances n’apparaît pas idéal pour le lieu.


On jurerait que Berlioz aurait été enthousiasmé par le feu d’artifice orchestral des Planètes (1917) de Holst, particulièrement dans l’interprétation qu’en ont donné Antonio Pappano et ses musiciens. Le chef anglais s’en tient à une ligne directrice saine et efficace : mettre de la mesure dans cette démesure, ménager ses effets pour mieux frapper, par contraste, quand il le faut, ne pas surjouer une œuvre qui en dit déjà beaucoup et où il est si facile de faire too much. Rien que le texte, donc, mais tout le texte : « Mars » n’en est que plus glaçant et « Vénus » échappe ainsi aux alanguissements et boursouflures qu’on y entend trop souvent. Après « Mercure », qui file doux mais s’épanche généreusement dans sa partie centrale, un autre écueil est évité dans « Jupiter », où le fameux hymne échappe à toute pesanteur excessive. Pappano cultive également l’art des progressions, ce que montre la terrifiante montée en puissance de « Saturne ». On aura du mal à trouver un « Uranus » plus ludique et, pour conclure, un « Neptune » aussi arachnéen, où l’intervention des voix de femmes en coulisses – ici, celles du Chœur d’Etat de Kaunas (Lituanie) –, toujours difficile à réussir en concert, est tout à fait satisfaisante.


Capitaux dans ces pages où le compositeur a tout millimétré, la précision et le sens du détail sont cultivés avec un soin exceptionnel. Enfin, il faut à cette musique un orchestre de compétition : on l’a dans la qualité des différents soli mais peut‑être plus encore dans celle de la sonorité d’ensemble, qui ne perd jamais en finesse même dans les tutti les plus fracassants.


En bis, l’orchestre reste dans son ADN avec les Variations « Enigma » (1899) d’Elgar : ce « Nimrod » confirme qu’avec Pappano, sobriété ne rime pas avec fadeur mais avec intensité.


Le site de Bertrand Chamayou
Le site de l’Orchestre symphonique de Londres



Simon Corley

 

 

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