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Un drame et une idylle

Grenoble
La Côte-Saint-André (Château Louis XI)
08/31/2024 -  
Hector Berlioz : Roméo et Juliette, opus 17, H. 79 : deuxième partie (extraits symphoniques)
Maurice Ravel : Daphnis et Chloé, Suites pour orchestre n° 1 et n° 2

Orchestre de l’Opéra national de Lyon, Daniele Rustioni (direction)




Depuis 1994, La Côte-Saint-André fête l’enfant du pays et elle y met les moyens :du 17 août au 1er septembre, pour ce qui est la trentième édition du Festival Berlioz dans la petite cité iséroise, la célébration est placée sous le thème « Une jeunesse européenne », thème suffisamment large pour tirer le fil d’une généreuse programmation. Il y a quelque audace – vocable on ne peut plus berliozien – à célébrer l’Europe en 2024, mais Bruno Messina, directeur depuis 2009, aurait tort de se priver quand on se souvient que le compositeur a sillonné le continent et, de Goethe à Shakespeare en passant par l’Italie, a trouvé son inspiration bien au‑delà de son pays. Quant à la jeunesse, elle est certes représentée notamment par ses orchestres (français et ukrainien), tandis que bon nombre des musiciens à l’affiche, bien que déjà renommés, ne sont pas bien vieux, mais on relève quand même également les noms de Philippe Bianconi, Renaud Capuçon, Bertrand Chamayou, Marc Coppey, François Dumont, Nelson Goerner, Hélène Grimaud, Jean-François Heisser, Elisabeth Leonskaïa, Roger Muraro et Antonio Pappano.


Au fil des années, les glorieux trophées s’accumulent devant le château Louis XI, quartier général des opérations qui domine La Côte‑Saint‑André : les deux cloches de 300 et 600 kilos fondues en  2013, accordées pour sonner dans le « Songe d’une nuit du Sabbat » de la Symphonie fantastique, font face au cheval en bois du Vercors de plus de 6 mètres de haut, souvenir des représentations des Troyens en 2019. Voilà qui est à l’image d’une manifestation qui voit les choses en grand, avec sérieux mais sans se prendre au sérieux : aux nombreux concerts, du récital à l’orchestre symphonique, à 17 heures et 21 heures, s’ajoutent des conférences mais aussi, à 19 heures à entrée libre sous la Halle médiévale, des harmonies, ensembles de cuivres et autres batteries-fanfares, tandis que les soirées se terminent à la « Taverne » du château avec des musiques d’inspiration traditionnelle de Campanie ou du Portugal. Et contrairement à bon nombre d’autres festivals, le spectateur n’en est pas réduit à errer en vain le ventre vide et le gosier sec à la recherche de quelque réconfort, car la variété de l’offre de restauration sur les lieux mêmes du festival mérite d’être saluée.



D. Rustioni (© Festival Berlioz/Bruno Moussier)


On ne peut pas dire non plus qu’il soit généralement aisé d’entendre des grandes formations symphoniques durant l’été, mais l’infrastructure installée dans la cour du château permet de disposer d’un auditorium qui n’est certes pas le Musikverein mais dont l’acoustique est satisfaisante. Venus en voisins, l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon et Daniele Rustioni, qui, de chef principal (2017) en est devenu le directeur musical (2022), s’échappent du répertoire lyrique pour donner une œuvre inspirée par le théâtre, sous‑titrée « symphonie dramatique », et un ballet, intitulé « symphonie chorégraphique » : un drame et une idylle. Mais il y a une petite frustration à n’entendre qu’un condensé de la soirée qu’ils présenteront, avec les Chœurs, le 11 septembre dans la capitale des Gaules.


Car si c’est Berlioz, bien sûr, qui a les honneurs pour débuter, c’est avec un Roméo et Juliette (1839) réduit à sa deuxième partie, elle‑même restreinte au seul orchestre. Difficile de ne pas ressentir une certaine perplexité entre l’énergie déployée par un chef à la gestique très expansive et une interprétation qui semble parfois trop timorée et dépourvue d’aspérités, sans ces fulgurances et extravagances berlioziennes : on reste loin de l’état d’exaltation dans lequel Shakespeare (et Harriet Smithson) avaient plongé le compositeur et on a connu « Reine Mab » plus étincelante. A défaut de plénitude des cordes, en effectif un peu maigre (quarante‑trois), on apprécie toutefois la qualité des bois, qui se confirme dans les deux Suites de Daphnis et Chloé (1911) de Ravel, à commencer bien sûr par la flûte de Julien Beaudiment. Dans la Première Suite, les sortilèges du « Nocturne » auront paru plus aboutis que la « Danse guerrière », moins implacable que nerveuse. Dans la Seconde Suite, le « Lever du jour » s’attarde aussi peu que la « Pantomime » tend en revanche à s’alanguir et s’égarer, mais la « Danse générale » conclusive est irrésistible.


Après cette courte seconde partie, le public n’aura pas droit à un bis mais aura pu constater, au moments des saluts, pupitre par pupitre, dans une ambiance joyeuse et décontractée, que la relation entre le chef et l’orchestre paraît idyllique.


Le site du Festival Berlioz
Le site de Daniele Rustioni
Le site de l’Opéra national de Lyon



Simon Corley

 

 

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