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Evidence fauréenne

Cahors
Rocamadour (Basilique Saint-Sauveur)
08/17/2024 -  
Gabriel Fauré : En prière [*] – Trio avec piano, opus 120 – Après un rêve, opus 7 n° 1 [#] – Quatuor avec piano n° 2, opus 45
Renaud Capuçon [*] (violon), Paul Zientara (alto), Stéphanie Huang [#] (violoncelle), Guillaume Bellom (piano)


(© François Le Guen)


Associant Renaud Capuçon, fidèle du Festival de Rocamadour, et le centenaire de la disparition de Fauré, voilà un programme qui tombait sous le sens en cette édition 2024. Et c’est la même évidence qu’on aura ressentie durant tout le concert, qui, donné à deux reprises à deux heures d’intervalle, aura à chaque fois fait salle comble : on ne peut que remercier le violoniste de mettre sa célébrité au service d’un compositeur sans doute plus renommé que réellement connu, même dans son pays, et du répertoire chambriste, qui plus est avec des œuvres dont on ne peut pas dire qu’elles soient les plus jouées voire les plus accessibles de leur auteur.


« Salle » est évidemment à prendre ici au sens figuré quand il s’agit de la basilique Saint‑Sauveur (XIIIe/XIXe ). Chacun, en fonction notamment de ses croyances, trouvera une source d’inspiration ou d’admiration dans ce lieu situé au cœur d’un site dont la renommée n’est pas usurpée. Mais il n’en demeure pas moins un édifice religieux, avec ses limites en termes d’acoustique  – le piano n’est pas l’instrument le plus adapté à ces hautes voûtes et la confusion tend à s’installer au‑delà de la nuance forte, au détriment de la subtilité rythmique et harmonique de l’écriture – et d’organisation de l’espace – d’immenses piliers posent des problèmes de visibilité, de même que le positionnement des protagonistes de plain‑pied au milieu de la nef.


Renaud Capuçon s’est entouré de ceux avec lesquels il a enregistré l’an passé un e‑album consacré aux Quatuors avec piano de Mozart (Deutsche Grammophon), des artistes jeunes mais au talent déjà largement confirmé : l’altiste Paul Zientara, la violoncelliste Stéphanie Huang, qui prendra dans quelque jours ses fonctions de premier solo à l’Orchestre de Paris, et le pianiste Guillaume Bellom. Ce ne sont certes pas des pages religieuses de Fauré qu’on entendra sous ces voûtes, mais pour débuter, la transcription pour violon et piano d’En prière (1889) paraît tout indiquée, d’autant que les interprètes montrent opportunément que la délicatesse peut ne pas être suspecte de sentimentalisme ou de complaisance.


Même les formations constituées ne semblent guère priser le Trio avec piano (1923), l’une des ultimes partitions de Fauré. Conjuguant limpidité et expression, les musiciens réparent cette injustice, la musique s’écoulant avec une parfaite fluidité accrue par le choix d’enchaîner les trois mouvements quasiment sans interruption. Bref intermède avec Stéphanie Huang qui, dans la transcription d’Après un rêve (1878), tend parfaitement l’arc de la ligne de chant. Dans le Second Quatuor avec piano (1886), le violon volontiers charmeur de Renaud Capuçon se détache légèrement, sans véritablement se mettre en avant, alors que ses trois partenaires s’en tiennent davantage à un esprit collectif, mais c’est bien là la seule incartade à une interprétation de haut vol et d’une grande sûreté, pleine, nonobstant les affres de sol mineur, d’un élan serein, apaisant et bienfaisant jusqu’à l’éclatante lumière conclusive.


Le site de Paul Zientara
Le site de Stéphanie Huang
Le site de Guillaume Bellom



Simon Corley

 

 

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