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Concert historique

London
Royal Albert Hall
08/11/2024 -  et 7 (Bremen), 9 (Berlin), 13 (Wiesbaden), 15 (Salzburg), 18 (Luzern) août 2024
Johannes Brahms : Concerto pour violon en ré majeur, opus 77
Franz Schubert : Symphonie n° 9 en ut majeur, D. 944

Anne-Sophie Mutter (violon)
West-Eastern Divan Orchestra, Daniel Barenboim (direction)


(© Olivier Brunel)


On sait le chef d’orchestre et pianiste Daniel Barenboim, qui aura 80 ans cet automne, est atteint d’une maladie neurologique qui l’a obligé au cours de ces derniers mois à se dédire de ses fonctions officielles, notamment à la tête des institutions berlinoises. On le retrouve néanmoins cet été en tournée à la tête de l’Orchestre du divan occidental-oriental, dont c’est le vingt‑cinquième anniversaire de la fondation.


C’est en 1999 que l’Argentino-Israélien Daniel Barenboim et le Palestinien Edward W. Saïd eurent l’idée de fonder cet orchestre réunissant de jeunes musiciens israéliens à ceux de pays musulmans du Moyen‑Orient. Vingt‑cinq ans plus tard, cet orchestre est une institution internationale qui s’est enrichie d’une Académie. La veuve du cofondateur, Mariam Saïd, était présente à ce concert et elle rappelait pendant l’entracte, au micro de la chaîne BBC Radio 3, les circonstances et l’histoire de la fondation de cette phalange, projet de dialogue continu destiné à faire avancer le destin des peuples de la région moyen‑orientale. Et c’est encore le credo de l’orchestre, qui affirme dans les circonstances tragiques actuelles : « Dans et à travers notre musique, nous cherchons à modeler une vie de reconnaissance mutuelle entre égaux » (« In and through our music, we seek to model a life of mutual recognition between equals »).


C’est un Daniel Barenboim physiquement très affaibli qui est arrivé au podium, guidé par la violoniste et aidé par un musicien pour s’installer sur un siège devant son orchestre pour diriger comme à son habitude sans partition. Guidage émouvant quand on sait que cette merveilleuse violoniste allemande a été dès le plus jeune âge adoubée par le chef le plus prestigieux de l’époque Herbert von Karajan. Aujourd’hui, à 60 ans, elle a gardé sa silhouette de jeune fille, mise en valeur par une longue robe fuchsia, et c’est elle qui aide un des doyens de la profession et règle même les saluts après sa prestation quand Barenboim se réserve pour la seconde partie.


Après Brême et Berlin deux jours plus tôt, où l’orchestre a joué par temps pluvieux à la célèbre Waldbühne, et avant Wiesbaden, Salzbourg et Lucerne, c’est avec un programme romantique que l’orchestre a honoré le trente‑et‑unième concert des BBC Proms dans un Royal Albert Hall plein jusqu’à la dernière place, dont la célèbre arena, avec un public debout débordant d’enthousiasme, semblait ne pouvoir contenir une personne de plus !


C’est avec beaucoup de lenteur et de précautions dans sa gestuelle que Daniel Barenboim a abordé le Concerto de Brahms. La violoniste, dont malheureusement la légendaire sonorité du Stradivarius tombait trop souvent dans le piège acoustique de cette salle, a suivi cette approche sombre et très solennelle, essayant parfois, notamment dans la vaste danse hongroise du finale, de reprendre la main sur le tempo. Pour savourer sa sonorité, qui reste une des plus belles du moment, mieux vaut l’écouter sur la plateforme à la demande Radio 3 Sounds de la BBC, notamment dans la cadence de Joseph Joachim du premier mouvement du Concerto et dans la Sarabande de la Deuxième Partita de Bach, qu’elle a offert en bis comme une prière à la paix dans le monde.


L’orchestre, qui sonnait mieux que dans les précédents concerts écoutés cette année, certainement par sa taille plus réduite et sa configuration très ramassée autour du chef, a joué avec des sonorités magnifiques, notamment les vents et particulièrement le premier hautbois, qui rivalise avec le soliste pour le sublime thème introductif de l’Adagio et qui, pour les raisons de sécurité que l’on imagine, restera anonyme comme tous les membres de l’orchestre.


Avec une même prudence et lenteur, Daniel Barenboim a dirigé la Neuvième Symphonie de Schubert qui, par moment, paraissait pompeuse. Le corollaire de cette direction un peu trop majestueuse est qu’elle permettait de savourer la richesse sonore de ces formidables musiciens et couronnait un concert exceptionnel donné dans des circonstances historiques qui l’étaient tout autant.



Olivier Brunel

 

 

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