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Hommage à Puccini

Macerata
Arena Sferisterio
07/19/2024 -  et 28 juillet, 3, 10* août 2024
Giacomo Puccini : Turandot
Olga Maslova (Turandot), Christian Collia (Altoum), Riccardo Fassi/Antonio Di Matteo* (Timur), Angelo Villari*/Ivan Magrì (Calaf), Ruth Iniesta (Liù), Lodovico Filippo Ravizza (Ping), Paolo Antognetti (Pang), Francesco Pittari (Pong), Alberto Petricca (Un mandarino)
Coro Lirico Marchigiano « Vincenzo Bellini », Martino Faggiani (préparation), Pueri Cantores « D. Zamberletti », Gian Luca Paolucci (préparation), FORM‑Orchestra Filarmonica Marchigiana, Francesco Ivan Ciampa (direction musicale)
Paco Azorín (mise en scène, décors), Riccardo Benfatto (assistant à la mise en scène), Laura Perini (assistante aux décors), Ulises Mérida (costumes), Carlos Martos de la Vega (mouvements scéniques), Pedro Chamizo (vidéo, lumières)




Centième anniversaire du décès de Giacomo Puccini oblige, l’édition 2024 du Festival de Macerata (Macerata Opera Festival, MOF), qui s’est déroulée du 19 juillet au 11 août, s’est terminée par deux opéras du compositeur, Turandot et La Bohème. Le MOF est l’une des plus importantes manifestations lyriques d’Italie. Après deux premières éditions qui connurent un immense succès en 1921 et 1922, le Festival a été interrompu pour ne reprendre qu’en 1967. L’édition 2024 est la 60e du nom. A noter que le célèbre metteur en scène et décorateur Pier Luigi Pizzi a été directeur artistique de 2006 à 2011. Macerata est une petite ville d’environ 40 000 habitants, perchée sur une colline à 300 mètres d’altitude, dans la région des Marches, au centre de l’Italie. Son centre historique possède beaucoup de cachet, avec notamment sa cathédrale, ses places particulièrement animées et ses ruelles en pente. La mer n’est pas loin, à quelque 30 kilomètres.


Les spectacles du MOF ont lieu en plein air, dans l’Arena Sferisterio. Il s’agit d’un stade construit grâce à une souscription publique en 1829, sur le modèle des arènes antiques. D’abord réservé à un sport, le pallone col bracciale, une variante italienne du jeu de paume, le lieu a aussi accueilli des courses de chevaux, des corridas et même des montgolfières. Très étiré en longueur, le Sferisterio peut accueillir 2 800 spectateurs. Il est fermé sur trois côtés par une très élégante colonnade au sein de laquelle s’intègrent deux niveaux de loges. Un mur impressionnant de 18 mètres de haut et de 90 mètres de large ferme l’édifice ; mais surtout, il retient le son, si bien que l’acoustique est remarquable pour un théâtre en plein air. Contrairement à Vérone, dont les arènes peuvent accueillir 22 000 personnes, il n’y a pas besoin ici de sonorisation. La programmation du MOF n’affiche que des tubes du répertoire lyrique (Norma complète la programmation cette année, à côté des deux opéras de Puccini) et l’affiche ne comprend pas de grands noms, mais les spectacles sont de haut niveau.



(© Luna Simoncini)


Turandot est une nouvelle production, confiée au metteur en scène catalan Paco Azorín, qui a aussi conçu des décors impressionnants, occupant pratiquement toute la scène du Sferisterio. Le vaste espace est ainsi particulièrement bien mis à profit. Une passerelle surélevée rouge est réservée à la princesse Turandot, à son père, à ses ministres et à sa cour. Plus bas, le plateau lui-même est transformé en rizière géante, dans laquelle le peuple, corvéable à merci, est contraint de travailler dur, sous la menace de coups de fouet de guerrières violentes et cruelles, armées d’arcs, lesquelles n’hésiteront pas à transpercer de flèches le pauvre prince de Perse, qui n’a pas réussi l’épreuve des énigmes, avant de réserver le même sort à Liù. Les guerrières forment la garde rapprochée de Turandot, elle qui, dans sa peur des hommes, n’a choisi que des femmes pour la protéger. Olga Maslova est une Turandot à la voix puissante et bien projetée, capable de splendides pianissimi, même dans les aigus. Le timbre n’a pas d’accents métalliques et durs, il est essentiellement lyrique, si bien que la princesse est ici avant tout une femme fragile et blessée. Angelo Villari campe un Calaf impressionnant de puissance et de vaillance, mais aussi de belles nuances. La Liù de Ruth Iniesta récolte les applaudissements les plus nourris à la fin du spectacle, grâce à son magnifique chant raffiné et nuancé. Antonio Di Matteo livre une belle prestation en Timur, malgré une émission un peu étouffée, alors que l’Altoum de Christian Collia est totalement inaudible dans les graves. A la tête de l’Orchestre philharmonique des Marches, Francesco Ivan Ciampa n’est pas avare de nuances, faisant ressortir une quantité de détails de la partition de Puccini, en étirant les tempi mais en perdant peut‑être un peu de la tension dramatique. Le spectacle se termine sur les dernières notes écrites par Puccini, à la mort de Liù. Une projection vidéo rappelle au public qu’à la création de l’ouvrage à la Scala, Toscanini avait déposé sa baguette à ce moment‑là. Puis un portrait de Puccini vient se projeter sur le mur du Sferisterio et les chanteurs se retournent pour applaudir le compositeur. Macerata lui aura ainsi rendu un bel hommage.



Claudio Poloni

 

 

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