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Bohème estivale

Poitiers
Sanxay (Théâtre gallo-romain)
08/10/2024 -  et 12, 14 août 2024
Giacomo Puccini : La bohème
Adriana González (Mimì), Stefan Pop (Rodolfo), Mikhaïl Timoshenko (Marcello), Charlotte Bonnet (Musetta), Adrien Mathonat (Colline), Alin Munteanu (Schaunard), Olivier Grand (Benoît, Alcindoro), Alfred Bironien (Parpignol), Thomas Epstein (Sergente dei doganieri), Jean‑François Baron (Doganiere)
Chœur des Soirées lyriques de Sanxay, Stefano Visconti (chef de chœur), Chœur d’enfants des Soirées lyriques de Sanxay, Christophe Blugeon (chef de chœur), Orchestre des Soirées lyriques de Sanxay, Moritz Gnann (direction musicale)
Andrea Tocchio (mise en scène, scénographie, lumières), Jérôme Bourdin (costumes)




Après Don Giovanni en 2023, le centenaire de la disparition de Puccini permet aux Soirées lyriques de Sanxay de renouer avec le répertoire qui est traditionnellement le leur, les Rigoletto, Aïda et autres Carmen. Même si l’expérience montre que le théâtre du site gallo‑romain a pu accueillir avec succès des ouvrages de plus petit format, le plein air et les dimensions du lieu, tant la scène que les 2 500 spectateurs, semblent décidément plaider en faveur des ouvrages romantiques ou postromantiques. Mais quel que soit le répertoire, l’essentiel, comme le rappelle avant la représentation le président du festival, Dominique Hummel, flanqué du directeur artistique, Christophe Blugeon, est que ce « défi in‑Sanxay » continue de marcher sur les deux jambes qui le distinguent très nettement d’autres festivals comparables : le bénévolat – plus de deux cents personnes – et la ruralité. A cet égard, il faut mentionner les actions pédagogiques menées tout au long de l’année scolaire et les récitals ou concerts donnés par les chanteurs et musiciens tant dans la Vienne que dans les Deux‑Sèvres du 29 juillet au 11 août.


Est-ce parce qu’Andrea Tocchio en assuré à la fois la mise en scène, la scénographie et les lumières que cette Bohème (1896) suscite une aussi forte impression de cohérence ? Toujours est‑il que même les costumes conçus par Jérôme Bourdin font corps avec cette production qui n’envoie certes pas les protagonistes dans l’espace comme celle présentée ces dernières années à l’Opéra Bastille mais offre tout ce que le spectateur est en droit d’attendre, notamment celui qui vient pour la première fois assister à un spectacle lyrique – et nombreux sont ceux qui lèvent la main quand Dominique Hummel demande à la cantonade qui vit ici sa première expérience. Atelier d’artiste, toits et façades parisiens, enseignes, réverbères, poêle (et même fumée) : avec l’aide d’un plateau tournant, la scénographie coche toutes les cases, mais l’ensemble ne sombre pas dans la routine, tant les scènes vivantes et humoristiques qui caractérisent une bonne partie de l’œuvre sont mises en valeur avec esprit et vivacité. Le plateau, pourtant de taille respectable, peine toutefois à offrir suffisamment d’espace à l’agitation de la rue au deuxième acte.



A. Mathonat, A. Munteanu, M. Timoshenko, S. Pop
(© Francis Mayet/Soirées lyriques de Sanxay)



Au terme d’une soirée d’été idéale, aux antipodes des frimas que l’opéra ne cesse d’évoquer, les applaudissements nourris saluent une distribution vocale où la qualité le dispute à l’homogénéité. Adriana González est une Mimì d’un raffinement presque excessif dans un cadre qui ne se prête pas principalement à la subtilité, quelle que soit l’exceptionnelle capacité d’attention et de respect manifestée par le public, mais elle incarne le rôle avec un charisme indéniable et, quand il le faut, avec la puissance requise. Le Rodolfo de Stefan Pop est davantage brut de coulée, mais son aisance et ses aigus rayonnants ne manquent pas de séduction. Mikhaïl Timoshenko est un excellent Marcello à la voix claire et à l’heureuse expression scénique, tandis que Charlotte Bonnet s’impose en Musetta par son abattage vocal et scénique. Pour les deux autres comparses, la basse stentorienne d’Adrien Mathonat impressionne en Colline mais Alin Munteanu, s’il en paraît plus effacé, est un Schaunard qui ne démérite nullement. En Benoît au premier acte puis Alcindoro au deuxième, Olivier Grand brille plus par le jeu d’acteur que par la voix, alors qu’Alfred Bironien conjugue élégamment les deux en Parpignol.


Enfin, il faut souligner la mise en place impeccable des chœurs d’adultes et d’enfants, préparés respectivement par Stefano Visconti et Christophe Blugeon, et surtout, à la tête d’un orchestre toujours aussi vaillant dont l’acoustique ne valorise hélas pas suffisamment les cordes, la prestation du chef allemand Moritz Gnann (né en 1982), qui tient la soirée de bout en bout, peut‑être parfois trop fermement, mais avec une sûreté et une musicalité remarquables.


Le site des Soirées lyriques de Sanxay
Le site d’Adriana González
Le site de Stefan Pop



Simon Corley

 

 

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