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Transmission

Cahors
Bélaye (Eglise Grande)
08/09/2024 -  
Luigi Boccherini : Sonate pour violoncelle et basse continue en ut mineur, G. 2 [*]
Gabriel Fauré : Elégie, opus 24 [+] – Cantique de Jean Racine, opus 11 (arrangement Orfeo Mandozzi) [&]
Franz Schubert : Quintette à cordes, D. 956 [#]

Hawijch Elders [#], Thomas Briant [#] (violon), Laure‑Anne Simon [#] (alto), Rafaèl Arreghini [&], Gauthier Broutin [* &], Léo Ispir [* +], Eliott Leridon [&], Tokumi Morooka [+ & #], Roland Pidoux [#] (violoncelle), Théotime Gillot [+ &] (piano)


R. Pidoux (© Laure Vasconi)


Le concert de clôture des Rencontres de violoncelle de Bélaye permettait de retrouver la quasi‑totalité des jeunes musiciens qui s’étaient produits la veille. Ainsi de Gauthier Broutin et Léo Ispir dans une Sonate en ut mineur pour violoncelle et basse continue de Boccherini, l’une des quarante (environ) écrites dans sa jeunesse par le violoncelliste-compositeur. Au premier violoncelle, Gauthier Broutin valorise le potentiel expressif assez inattendu des deux premiers mouvements, lyrique pour l’Adagio, presque rageur pour l’Allegro. Il convainc par son jeu droit et chiche en vibrato, mais la justesse n’est pas toujours au rendez‑vous. Si la partie de second violoncelle n’est certes pas aussi exigeante, de telle sorte qu’il ne s’agit pas véritablement d’un duo comme le seront plus tard ceux d’Offenbach, Léo Ispir a néanmoins de quoi de faire.


Mais il est évidemment plus en avant dans l’Elégie (1880) de Fauré, exemplaire de tenue mais sans froideur, tant s’en faut, accompagné avec une opportune discrétion par Théotime Gillot, le pianiste du Trio Zarathoustra. L’hommage au compositeur disparu voici cent ans se poursuit avec une véritable curiosité, l’arrangement pour quatuor de violoncelles et piano du Cantique de Jean Racine (1865) par le violoncelliste suisse Orfeo Mandozzi (né en 1968) : cela fonctionne parfaitement, tout en délicatesse, avec peut‑être quelque chose d’un consort de violes que suggérerait le caractère parfois archaïsant de l’écriture.


Le lecteur voudra bien pardonner à l’auteur de ces lignes l’évocation, une fois n’est pas coutume, d’un souvenir personnel : l’acquisition au début des années 1980 d’un de ces 33 tours de l’austère collection économique d’Harmonia mundi « Musique d’abord » (et même « musique seulement », car ces disques avaient une couverture blanche). Enregistré en 1975, le Quatuor Bulgare (ou Quatuor Dimov) y donnait le Quintette à cordes (1828) de Schubert avec au second violoncelle un jeune musicien français de 29 ans. Comment ne pas être ému d’entendre cinquante ans plus tard dans cette même partie Roland Pidoux, puisque c’est bien sûr de lui qu’il s’agit ? La transmission apparaît donc ici plus que jamais au cœur de ce festival où le directeur musical, le même Roland Pidoux, veille en outre à tout, y compris quand il faut déplacer sur scène les pupitres, les chaises et même le piano.


Alors, bien sûr, cette interprétation du monumental chef‑d’œuvre ultime de Schubert n’aura pas été totalement exempte de scories, sans doute pour partie liées à la chaleur assez intense régnant en l’église de Bélaye. Mais l’essentiel aura été atteint, salué par une ovation debout d’un très nombreux public : un moment privilégié de musique de chambre, avec tout ce qui s’y attache de complicité, de plaisir de jouer ensemble... et de volonté de faire durer ce plaisir en respectant la grande reprise de l’Allegro ma non troppo initial. Et si le collectif, de ce point de vue, a été sans faille, il serait injuste de ne pas mentionner les deux individualités que la partition met plus particulièrement en valeur : la sonorité, la musicalité et l’autorité de Hawijch Elders au premier violon ; l’élégance et la finesse de Tokumi Morooka au premier violoncelle.



Simon Corley

 

 

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