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En famille

Cahors
Bélaye (Eglise Grande)
08/08/2024 -  
Arvo Pärt : Fratres [*]
Etienne Perruchon : Danses dogoriennes [+]
Felix Mendelssohn : Trio avec piano n° 2, opus 66

Rafaèl Arreghini [* +], Gauthier Broutin [+], Léo Ispir [+], Tokumi Morooka [+] (violoncelle), Mélanie Bracale [*] (piano), Maxime Pidoux [* +] (percussion), Trio Zarathoustra : Théotime Gillot (piano), Thomas Briant (violon), Eliott Leridon [+] (violoncelle)




Les Rencontres de violoncelle de Bélaye donnent un exemple emblématique de la chance qu’a la France de disposer d’une offre festivalière aussi riche, en quantité comme en qualité : si le département du Lot n’est certes pas le plus défavorisé dans ce domaine, le village médiéval dominant la vallée du Lot et le vignoble, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Cahors, n’est pas situé dans la partie du département la plus favorisée à cet égard, non loin du Lot‑et‑Garonne et du Tarn‑et‑Garonne. Il faut donc de l’énergie pour faire vivre une telle manifestation depuis 1989.


De l’énergie, le directeur artistique, Roland Pidoux, n’en manque heureusement pas et comme on ne change pas une équipe qui gagne, la formule qui a fait ses preuves est reconduite édition après édition : du 3 au 9 août, des « ateliers publics d’interprétation » tous les après‑midi et six concerts, cinq en l’Eglise Grande (XIVe) de Bélaye et un dans une chapelle de la commune de Luzech, un peu en amont de la rivière, auxquels s’ajoutent durant l’année des interventions en milieu scolaire.


Au fil du temps, l’affaire a pris une dimension familiale, d’abord avec Karine Jean‑Baptiste, l’épouse de Roland ; dans la génération suivante, Raphaël, le violoncelliste du Trio Wanderer, dont la compagne est l’altiste Virginie Michaud  et viennent maintenant Gabriel, le hautboïste, et Maxime, timbalier solo de la Scala depuis 2022. C’est ce dernier qui s’associe à Rafaèl Arreghini, élève de de Raphaël Pidoux et membre de son ensemble Cello8, et à la pianiste Mélanie Bracale pour l’une des innombrables versions de Fratres (1977) de Pärt. Dans une acoustique tout à fait satisfaisante pour un édifice religieux, les trois musiciens mettent en valeur la radicalité et les contrastes, voire la violence d’une page qui paraît généralement plus apaisée et méditative. L’opposition est assez marquée entre le violoncelle, au centre, dans une partie où les difficultés ne manquent pas, notamment en aigus et harmoniques, entouré par un piano parfois hostile et des percussions inégalement conciliantes, principalement vibraphone mais aussi timbale en roulement pianissimo, d’un côté, et, bien sûr, la fameuse scansion lancinante du tambour et du wood‑block, de l’autre.


La deuxième œuvre est aussi affaire de famille : on connaît Adrien Perruchon, timbalier solo du Philharmonique de Radio France dès l’âge de 20 ans et désormais chef d’orchestre, mais ce n’est donc probablement pas un hasard si son père, Etienne (1958‑2019), a écrit cinq Danses dogoriennes (2005) pour un effectif improbable associant un violoncelle et cinq timbales. Inutile de rechercher Dogor dans un atlas ou le peuple dogorien dans une encyclopédie, car la langue et la culture dogoriennes sont une pure création du compositeur. Une civilisation manifestement sauvage, à en juger par les première, deuxième et cinquième danses, fortement rythmées, mais aussi raffinée dans les troisième et quatrième danses, plus mélodiques, où la percussion tient lieu, en quelque sorte, d’accompagnement. Avant d’interpréter ces pièces avec successivement un violoncelliste différent pour chacune d’entre elles, Maxime Pidoux présente de manière vivante et pédagogique, exemples sonores à l’appui, l’histoire et la grande variété des modes de jeu de la timbale, qu’il a ensuite l’occasion de mettre largement en pratique dans les cinq danses, la couleur instrumentale étant en outre rehaussée, dans la dernière, par un wood‑block. Outre Rafaèl Arreghini, la belle main de violoncellistes réunie pour l’occasion comprend Gauthier Broutin – une autre connexion familiale, s’agissant du fils du violoncelliste de l’Octuor de France –, Tokumi Morooka, troisième solo de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, ainsi que Léo Ispir et Eliott Leridon, élèves de Raphaël Pidoux et membres de Cello8.



E. Leridon, T. Briant, T. Gillot


Ce dernier est également membre du Trio Zarathoustra, constitué en 2019, qui a bien fait de choisir le Second Trio (1845) de Mendelssohn, un peu trop dans l’ombre du Premier alors qu’il a sa juste place aux côtés de Schumann, entre Schubert et Brahms. De fait, c’est parfois à la fougue du tout jeune Brahms que fait penser cette interprétation pleine d’élan dès l’Allegro energico e con fuoco initial, dans un flux ininterrompu qui laisse place à une tendresse de bel aloi dans l’Andante espressivo. Mené à un train d’enfer, le Scherzo est plus Presto que Molto allegro, avant un Allegro appassionato final conquérant, voire rageur. Quels que soient l’intensité, l’énergie et l’engagement des musiciens, aucune embardée intempestive ne vient entacher cette prestation dans laquelle le violon expressif, voire exubérant, de Thomas Briant aura eu tendance à voler la vedette.


Le site des Rencontres de violoncelle de Bélaye
Le site d’Etienne Perruchon



Simon Corley

 

 

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