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C’est la fête à Robert

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac‑Arqana)
08/07/2024 -  
Robert Schumann : Märchenbilder, opus 113 [*] – Märchenerzählungen, opus 132 [*] – Bilder aus Osten, opus 66 [& #]
Max Bruch : Acht Stücke, opus 83 : 1. Andante, 2. Allegro con moto & 7. Allegro vivace, ma non troppo [*]
Gabriel Fauré : Barcarolles n° 1 en la mineur, opus 26, et n° 2 en sol majeur, opus 41 [&] – Requiem, opus 48 : In Paradisum (arrangement Gabriel Durliat) [&]

Florent Pujuila (clarinette), Lise Berthaud (alto), Gabriel Durliat [&], Théo Fouchenneret [*], Arthur Hinnewinkel [#] (piano)


La Salle Elie de Brignac-Arqana (© Stéphane Guy)


Dans la perspective d’une intégrale de la musique de chambre de Robert Schumann (1810‑1856), c’est un magnifique et rare programme qui a été proposé au public de Deauville pour le septième concert de son Août musical 2024. Il devrait d’ailleurs faire l’objet d’un CD chez b·records.


On commence par les Contes de fées (1851) de Schumann. C’est une fort belle version que nous offrent le pianiste Théo Fouchenneret et l’altiste Lise Berthaud que ConcertoNet suit depuis 2005 et fidèle parmi les fidèles des festivals deauvillais depuis de nombreuses années. La probité et l’élégance des artistes, à défaut de profondeur, valorise notamment le Lebhaft central. La dernière pièce, presque brahmsienne, est empreinte de douceur et le piano d’une grande délicatesse laisse s’exprimer l’âme blessée de l’alto de Lise Berthaud, absolument impeccable.


Les Récits de contes de fées sont ensuite interprétés par les mêmes musiciens auxquels se joint, à la clarinette en si bémol, Florent Pujuila, membre de l’Orchestre de Chambre de Paris. L’alto est un peu en retrait et seul le piano imprime une marche de caractère dans la deuxième pièce. La troisième bénéficie d’une certaine suavité instrumentale mais les aigus de la clarinette relèvent peut‑être plus du jazz que de l’esprit schumannien. Dans la dernière, qui s’achève par une superbe coda, on profite d’un charmant dialogue entre l’alto et la clarinette mais le piano vient leur rappeler qu’il faut avancer et conclure.


Les mêmes interprètes poursuivent avec trois des Huit Pièces pour clarinette, alto et piano (1911) composées à un âge avancé par Max Bruch (1838‑1920) pour son fils clarinettiste. Pour elles, Florent Pujuila change de clarinette pour une clarinette en la. Elles sont beaucoup plus simples que les précédentes œuvres, notamment pour le piano. Les musiciens n’ont aucun mal à les dominer. L’équilibre entre l’alto et la clarinette est encore mieux assuré et, dans la septième, tous chantent à merveille.



G. Durliat, A. Hinnewinkel (© Stéphane Guy)


Après la pause, alors qu’on se fait une joie d’entendre la Sonate pour piano d’Alban Berg, le pianiste Gabriel Durliat annonce qu’il va plutôt interpréter deux Barcarolles (1883 et 1885) de Gabriel Fauré, qui aurait été qualifié, dit‑il, de « Schumann français », oxymore curieux tout de même, pour ne pas dire frisant l’ânerie alors que c’est plutôt Chopin qui vient à l’esprit. Il les sépare – on se demande pourquoi – par un arrangement de sa main du « In Paradisum » du Requiem, lequel devrait être repris dans un prochain CD chez Scala Music à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur. La réalisation est exceptionnelle. Gabriel Durliat ne joue pas du piano : c’est un authentique interprète, au talent fou. On regrette la disparition de la Sonate de Berg bien entendu mais on y a gagné un magnifique moment. Tout y est, le phrasé, la musicalité, la distinction.


Les six impromptus des Images d’Orient de Robert Schumann offerts à Clara pour Noël 1848 maintiendront notre admiration nonobstant quelques menues scories. Le duo avec Arthur Hinnewinkel fonctionne en effet remarquablement. Il y a ici et là des traces d’une influence de Bach mais l’on pense surtout à Brahms et à ses Danses hongroises, plus qu’à l’Orient d’ailleurs. Le concert s’achève ainsi sur du très haut niveau et l’on s’étonne que le public n’ait pas plus mesuré sa chance et félicité les artistes davantage.



Stéphane Guy

 

 

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