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Deux frères et deux sœurs au service de Schumann

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Deauville (Salle Elie de Brignac‑Arqana)
08/06/2024 -  
Robert Schumann : Fünf Stücke im Volkston, opus 102 [*] – Quatuor pour piano et cordes en do mineur, WoO 32 [* &] – Quatuor à cordes n° 3 en la majeur, opus 41 n° 3
Anna Sypniewski [&] (alto), Caroline Sypniewski [&] (violoncelle), Théo Fouchenneret [*] (piano), Quatuor Strada : Pierre Fouchenneret [&], Ayako Tanaka (violon), Lise Berthaud (alto), François Salque [*] (violoncelle)


P. Fouchenneret, T. Fouchenneret, A. Sypniewski, C. Sypniewski (© Stéphane Guy)


Un seul compositeur était à l’affiche du sixième concert de l’Août musical deauvillais 2024 : Robert Schumann (1810‑1856). Mais une belle brochette de musiciens de talent se retrouvait autour des frères Théo et Pierre Fouchenneret pour le servir.


Le concert débute par les Cinq Pièces dans le ton populaire (1849) du compositeur allemand, pièces oscillant entre virtuosité et tendresse. Malheureusement, les imprécisions des attaques du violoncelliste étonnent et sa précipitation déçoit dès le début et l’attelage avec le piano ne semble pas fonctionner de façon optimale. Le Langsam ne manque pas d’élégance et sa tenue confère un certain charme à la berceuse. L’avant‑dernière pièce est limpide mais sans passion. L’interprétation de l’œuvre suivante convaincra davantage.


On sait que Schumann est parfois allé chercher ses sources d’inspiration chez Bach et Beethoven. L’influence de Franz Schubert est moins connue. Dans le Quatuor pour piano et cordes (1828), œuvre de jeunesse sans numéro d’opus, elle est frappante au point qu’on n’y reconnaît à peine la patte schumanienne. C’est surtout à la répétition d’accords au piano qu’on repère l’influence. Les artistes rendent parfaitement justice cette œuvre, finalement non retenue par son auteur dans son catalogue pour des raisons inexplicables et plutôt rare au concert alors qu’elle ne manque ni de maîtrise architecturale ni d’expression. L’Allegro initial est plus énergique qu’affectueux sous les doigts des interprètes. L’engagement des musiciens est si intense qu’une corde du violon de Pierre Fouchenneret finit par claquer. Tous les musiciens s’arrêtent brutalement et s’éclipsent en coulisse pour permettre son remplacement discret mais reviennent rapidement pour poursuivre. Le Presto suivant n’en sera pas moins frais et pétillant. Champagne à tous les pupitres ! Dans l’Andante – les noms des mouvements sont encore en italien contrairement aux œuvres plus tardives du compositeur –, les sœurs Sypniewski (Caroline, née en 1992, et Anna, née en 1999) qui ont rejoint pour cette œuvre les frères Fouchenneret (Pierre, né en 1985, et Théo, né en 1999) lesquels font figure d’« anciens » au festival, se distinguent par leur élégance et la qualité de leurs épanchements sentimentaux. Tout coule avec naturel et le Presto final se termine dans un enthousiasme teinté d’insouciance, parfaitement maîtrisé. Une œuvre magnifique servie par des artistes remarquables, que demander de plus ? Si, revoir les sœurs Sypniewski. Leur talent impressionne.


En seconde partie, est proposé le Troisième Quatuor (1842), déjà entendu à Deauville il n’y a pas si longtemps, en août 2022. On l’écoute cette fois avec d’autres interprètes : le Quatuor Strada, composé de musiciens expérimentés, menant de brillantes carrières chacun de leur côté, et habitués du festival depuis plusieurs années. Ce ne sont nullement des jeunes se destinant à la carrière de musiciens professionnels, base du festival. Passionnés par la musique de chambre, ils se connaissent depuis longtemps sous réserve de la titulaire du poste de second violon, lequel a changé (à plusieurs reprises) de mains depuis la création de l’ensemble. Le deuxième mouvement bénéficie d’une entrée en matière d’une belle unité puis chaque artiste a l’occasion de se distinguer dans des interventions frémissantes pour ne pas dire haletantes. Le troisième confirmera les qualités de chacun. Le Finale, sorte de carnaval galopant, souffrira de cordes un peu écrasées mais conclura l’œuvre et la soirée de la plus belle manière grâce à la virtuosité et la fougue du Quatuor Strada.



Stéphane Guy

 

 

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