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La bonne recette Paris Ircam 06/04/2002 - Georges Aperghis : Petrrohl Luigi Nono : Sara Dolce Tacere Lucia Ronchetti : Anatra al sal Marco Stroppa : Come natura di foglia
Neue Vocalisten Stuttgart Dans ce Festival Agora qui se donne à guichets fermés ou presque, ce concert met la voix à l’honneur avec un excellent ensemble spécialisé dans le répertoire contemporain, le Neue Vocalisten Stuttgart. On entre dans le vif du sujet avec le très réussi Petrrohl (création française, pour six chanteurs) d’Aperghis dans lequel les mots et les syllabes volent d’un chanteur à l’autre avec virtuosité et sur un rythme enlevé, les conversations des protagonistes constituant le matériau musical de base auquel des effets de zoom et des superpositions donnent un contenu musical. Suit une pièce superbe de Luigi Nono, Sara Dolce Tacere (1960, pour huits chanteurs), d’une grande pureté, au geste économe et posé mais laissant sourdre une tension incroyable. Retour à la conversation avec Lucia Ronchetti, à la dispute même, à propos... de la recette du canard en croûte de sel ! Anatra al sal (création française) propose en effet un petit théâtre musical pour six chanteurs, un chef cuisinier et ses commis, «inspiré de la tradition italienne du madrigal représentatif de la fin du XVIe siècle» dixit la compositrice, et qui narre les étapes de cette cuisson (Annonce, Recette, Divergences sur la sauce, Dispute, Finale). Dix minutes de bonheur, d’humour, d’invention, de légèreté, bravo ! De l’œuvre de Marco Stroppa donnée en création mondiale, qui occupe toute la seconde partie, on retiendra seulement que ce compositeur, dont on attendait mieux, n’a strictement rien à dire sur la voix et qu’il passe trente minutes à démontrer le vide absolu de son inspiration (texte récité bêtement, crescendos qui n’en finissent plus, voix de basse d’outre tombe, petits déplacements ridicules sur la scène, électronique à l’avenant). On aura pas de mal à l’oublier tant la première partie du concert à marqué les esprits.
Philippe Herlin
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