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Japonismes

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Deauville (Chapelle des Franciscaines)
08/04/2024 -  
Claude Debussy : Images (Seconde Série) : 2. «  Et la lune descend sur le temple qui fut » – Estampes : 3. « Jardins sous la pluie »
Tōru Takemitsu : Pièces pour enfants – Romance
Joe Hisaishi : Extraits divers de musiques de film [*]
Maurice Ravel : Ma mère l’Oye : 3. « Laideronnette, impératrice des pagodes » & 5. «  Le Jardin féerique » [*]

Kojiro Okada, Arthur Hinnewinkel [*] (piano)


K. Okada, A. Hinnewinkel (© Stéphane Guy)


Le cinquième concert de l’Août musical 2024 de Deauville s’est déroulé exceptionnellement dans l’ancienne chapelle de ce qui fut un orphelinat géré par des franciscaines, transformée en salle de spectacles dans le cadre de la réhabilitation récente des lieux en centre culturel. Elle n’est guère utilisée comme salle de concert contrairement aux intentions initiales en raison de son acoustique réputée problématique, rideaux de scène et moquettes absorbant les sons. L’an dernier, le parti avait été ainsi pris de démonter tous les gradins rétractables et d’installer la scène sur un des côtés de la longueur pour le mini‑concert d’alors. Cette année, la salle est utilisée dans sa configuration normale. Pourtant l’acoustique ne nous paraît en rien catastrophique, depuis la mi‑hauteur en tout cas. Il y a bien pire. La disposition des gradins permet en outre une bonne visibilité sur les artistes, ce qui n’avait pas été le cas en 2023 et le confort des banquettes est tout à fait appréciable, beaucoup plus en tout cas que les chaises en plastique de l’an dernier.


Comme en 2023, il s’agit d’un « mini‑concert », conçu pour être un produit d’appel en faveur du festival qui se déroule dans la salle Elie de Brignac-Arqana, laquelle est normalement dévolue, elle, aux ventes de chevaux. Le concert est bref (une heure, sans pause), peu coûteux (10 euros) et le programme est composé de courtes pièces, le détail n’étant pas fourni puisque seuls les noms des compositeurs sont à l’affiche (avec un seul pianiste au passage), la surprise devant sans doute être au rendez‑vous.


Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que la salle ait été rapidement et complètement remplie dans ce lieu de passage très fréquenté que sont les Franciscaines. Parfois avec de très jeunes enfants malheureusement trop faiblement encadrés par leurs parents...


Le programme s’inscrivait dans le cadre de l’exposition « Les mondes flottants : du japonisme à l’art contemporain ». Deux pianistes étaient en fait à l’œuvre.


Le premier, Kojiro Okada (né en 1999 à Bordeaux) présente brièvement puis interprète deux pièces de Claude Debussy (1862‑1918), « Et la lune descend sur le temple qui fut », assez vaporeuse, puis « Jardins sous la pluie », pièce parfaitement adaptée au temps maussade puis franchement pluvieux constaté depuis quelques jours sur la côte normande mais ne devant rien pour le coup à l’Asie. Le pianiste ne paraît pas perturbé par les sonneries de téléphone, les bavardages, les départs anticipés et les bruits de la salle et déploie un jeu tout de délicatesse et de sensibilité dans ces deux pièces. Il embraye sur les Pièces pour enfants (1978) et une Romance (1949) du compositeur japonais Tōru Takemitsu (1930‑1996), entre deux eaux ou deux mondes comme souvent chez l’auteur, à la modernité sans excès, faisant parfois penser à un jardin japonais où chaque ratissage à son sens. Puis le pianiste nous propose une série d’extraits de musiques de film composées par Joe Hisaishi (né en 1950) pour le réalisateur Hayao Miyazaki. Défilent alors des mélodies romantiques faciles, internationales, sans caractère, parfois teintées de jazz ou de valse, par exemple dans celle illustrant le film Le Château dans le ciel (1986) et interprétée cette fois en compagnie d’Arthur Hinnewinkel (né en 2000 aux Etats‑Unis), à quatre mains. Les choses redeviennent plus intéressantes avec, sous les doigts des deux pianistes, « Laideronnette, impératrice des pagodes » puis « Le Jardin féerique » extraits de Ma mère l’Oye de Maurice Ravel (1875‑1937), pièces abordées avec autant de sûreté que de simplicité mais dont la seconde est encore une fois sans rapport avec le Japon. Les compositeurs annoncés dans les programmes diffusés, John Cage et Olivier Messiaen, pourtant inspirés par le Japon, passent à la trappe.



Stéphane Guy

 

 

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