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Bad Wildbad
Trinkhalle
07/20/2024 -  et 25, 27* juillet 2024
Gioacchino Rossini : Le Comte Ory
Patrick Kabongo (Le Comte Ory), Sophia Mchedlishvili (Comtesse Adèle), Diana Haller (Isolier), Nathanaël Tavernier (Le Gouverneur), Camilla Carol Farias (Dame Ragonde), Fabio Capitanucci (Raimbaud), Yo Otahara (Alice)
Chór Filharmonii im. Karola Szymanowskiego w Krakowie, Piotr Piwko (chef de chœur), Filharmonia im. Karola Szymanowskiego w Krakowie, Antonino Fogliani (direction musicale)
Jochen Schönleber (mise en scène), Olesja Maurer (costumes), Marcel Hahn (lumières)


(© Rossini in Wildbad)


Dans le cadre de sa trente-cinquième édition, du 18 au 28 juillet, « Rossini in Wildbad» a programmé trois opéras, un de Carafa, Masaniello, en version de concert, et deux de Rossini, en version scénique, au Kurtheater pour L’Italienne à Alger, au Trinkhalle pour ce Comte Ory (1828). Et c’est à chaque fois Jochen Schönleber, l’intendant et directeur artistique du festival, qui met en scène.


La direction d’acteur laisse manifestement une assez grande liberté aux chanteurs, tous engagés et énergiques. Selon son humeur, la mise en scène de l’avant‑dernier opéra de son auteur relève, pour la dimension visuelle et théâtrale, du divertissement sans prétention ou du spectacle de patronage. Le programme comporte tout de même deux pages de notes du metteur en scène, en allemand, seulement. Ce dernier joue à fond, et presque exclusivement, sur le déguisement, le faux‑semblant, la farce, non sans lourdeur.


Les péripéties du livret de Scribe sont transposées chez les hippies, avec un contraste étrange entre le premier et le second acte, celui‑ci se déroulant dans une bibliothèque dans laquelle des jeunes dames habillées bien comme il faut s’adonnent à la lecture. On supposera, bien qu’étant trop jeune pour en avoir connu personnellement, qu’il arrivait aux hippies et autres jeunes hommes coiffés de rasta de lire, ne fût‑ce qu’un peu. On aurait donc préféré que cette idée soit exploitée plus logiquement encore, même dans la scénographie. Mais les personnages vivent et se détachent, et il se déroule constamment quelque chose, même avant et pendant l’Ouverture. Une approche plus fine et originale aurait apporté un regard neuf ou inattendu à cet opéra parmi les plus réussis de Rossini. Ce premier degré finit en somme par lasser un peu. Quant aux décors, il n’en est pas vraiment question : il s’agit d’un dispositif plutôt léger et très coloré, constitué, notamment, de panneaux, certains représentant, au premier acte, une végétation tropicale, en phase avec les costumes bariolés. Un spectacle déjanté en somme.


Le volet musical offre heureusement bien plus de satisfactions, à commencer par la distribution. Majoritairement non francophone, elle affiche un niveau élevé, à même de hisser la réputation de ce festival, qui héberge, par ailleurs, une académie pour les jeunes interprètes, au même niveau que celui de Pesaro. Prenez d’ailleurs n’importe quel chanteur excellant dans cette musique : il s’est probablement produit au moins une fois, soit à Bad Wildbad, soit à Pesaro, soit dans ces deux festivals, celui de la Forêt‑Noire mettant davantage l’accent sur la génération montante.


Malgré une voix claire et une certaine rigueur stylistique, Patrick Kabongo se démarque en Comte Ory avant tout pour la dimension théâtrale de sa performance, en dépit d’un jeu plutôt générique. L’élégante et profonde basse Nathanaël Tavernier campe assez brillamment un Gouverneur droit et distingué qui délaisse sa mise chic pour se transformer en femme. Formidable à tous points de vue, par le timbre et la maîtrise, Diane Haller incarne Isolier, ou plutôt, dans cette production, Isolière, féminisation expressément voulue : une sorte de garçon manqué au caractère bien trempé. Fabio Capitanucci affiche juste ce qu’il faut d’abattage et de truculence en Raimbaud, un personnage pour lequel nous attendions tout de même un peu plus.


L’excellente Sofia Mchedlishvili convainc en revanche sans réserve en Comtesse de Formoutier : une grande technicienne qui peaufine le phrasé, l’émission et la coloration, mais aussi une actrice de talent. Sa voix se mêle harmonieusement à celle de Diane Haller et de Patrick Kabongo dans le fameux trio du second acte, à l’érotisme bien suggéré, pour le passage le plus subtil de la représentation. Yo Otahara, pensionnaire de l’académie, interprète Alice avec soin et probité, mais le personnage de Ragonde offre plus de possibilités à la séduisante et amusante Camilla Carol Farias, également de l’académie, qui affiche plus de tempérament, grâce à sa présence pleine de peps. Les choristes de la Philharmonie Szymanowski de Cracovie ne s’épargnent pas non plus : ils se prêtent volontiers au jeu du déguisement et chantent avec une réjouissante vigueur.


Antonino Fogliani, le directeur musical du festival, conduit avec un solide et incontestable métier un orchestre plus routinier, la veille, dans Masaniello. Les musiciens délivrent une exécution ferme et effervescente, le plus souvent nette, apportant même la finesse qui manque à la mise en scène.



Sébastien Foucart

 

 

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