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Monuments du postromantisme viennois London Royal Albert Hall 07/22/2024 - Arnold Schoenberg : Pelleas und Melisande, opus 5
Alexander von Zemlinsky : Die Seejungfrau BBC National Orchestra of Wales, Ryan Bancroft (direction)
Les BBC Proms 2024 ont commencé au Royal Albert Hall où ils se dérouleront jusqu’au 14 septembre. Soixante‑treize concerts y seront donnés cet été à Londres ainsi que dix‑sept dans le Royaume‑Uni avec des orchestres britanniques et quelques orchestres internationaux invités, tous retransmis par la Radio 3 de la BBC et disponibles pendant un an sur BBC Sounds.
L’événement de ce début d’été aura probablement été les adieux de Sir Mark Elder à l’Orchestre Hallé de Manchester, dont il était le directeur musical depuis vingt‑cinq ans, avec une Cinquième de Mahler et Timotheus, Bacchus and Cecilia de Sir James MacMillan.
Le cinquième concert de cette saison 2024 comportait deux monuments du postromantisme viennois, deux poèmes symphoniques emblématiques de la Seconde Ecole viennoise, Pelléas et Mélisande de Schoenberg et La Petite Sirène de Zemlinsky, tous deux créés dans un même concert au Musikverein de Vienne il y a presque cent vingt ans, le 25 janvier 1905, sous la direction de Schoenberg, dont on célèbre cette année le cent cinquantième anniversaire de la naissance.
R. Bancroft (© Ben Ealovega)
C’est probablement un défi de taille qu’ont affronté Ryan Bancroft et l’Orchestre national gallois de la BBC, dont il est le chef principal, de donner ces deux œuvres à l’effectif orchestral énorme, le format requis pour les poèmes symphoniques de Richard Strauss dont elles sont des héritières évidentes, dans une acoustique aussi particulière que celle du Royal Albert Hall. Avec sa capacité de plus de 5 000 spectateurs et une hauteur de 41 mètres, l’édifice ovalaire a une acoustique extrêmement réverbérante qui n’est pas très propice au fondu orchestral que l’on peut attendre pour ces deux partitions à l’écriture instrumentale si complexe. Particulièrement pour Pelléas et Mélisande, page de jeunesse de Schoenberg à l’écriture postromantique dans laquelle s’entremêlent, même si elle n’en suit pas à la lettre la dramaturgie, des leitmotivs des différents protagonistes du drame de Maurice Maeterlinck. Les nombreux climax de ce vaste poème symphonique ne rendaient pas toujours justice à cet excellent orchestre dont les cordes sonnaient trop sec et étaient totalement écrasées par l’impressionnant ensemble des cuivres (neuf cors !) et des percussions.
Cette impression était sensiblement atténuée dans l’œuvre de Zemlinsky, de facture plus romantique, wagnérienne parfois, avec ses trois parties bien tranchées dont l’écriture est plus fluide, les climax moins affirmés et qui laissaient percevoir de façon plus nette l’excellence de certaines individualités de l’orchestre. Le jeune chef américain, qui vient d’être nommé à la tête de l’Orchestre philharmonique de Stockholm, a dirigé avec une maîtrise parfaite ce passionnant programme à la thématique tragique, dans une salle au public assez clairsemé.
Le site des Proms
Le site de l’Orchestre national gallois de la BBC
Olivier Brunel
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