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Dutilleux au sommet

Paris
Salle Pleyel
05/29/2002 -  
Henri Dutilleux : Timbres, espace, mouvement (ou La Nuit étoilée) - Tout un monde lointain (Concerto pour violoncelle) - L’Arbre des songes (Concerto pour violon) - Métaboles
Renaud Capuçon (violon), Truls Mork (violoncelle)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Henri Dutilleux venu recevoir sur scène l’ovation debout d’une Salle Pleyel remplie à ras bord et de l’Orchestre de Paris : cette image du concert intégralement dédié, hier soir, à quatre grandes partitions symphoniques du compositeur français, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-six ans, restera longtemps gravée dans les mémoires. Un tel accueil se justifie pleinement, car s’il doit sans doute beaucoup à Debussy, Berg ou Bartok, s’il trouve parfois des échos chez des contemporains tels que Lutoslawski ou même Messiaen, Dutilleux s’est patiemment forgé un langage éminemment personnel, exigeant, raffiné. Et sa musique, rapidement reconnue par des artistes aussi significatifs que Désormière, Münch, Szell, Rostropovitch, Stern ou Ozawa, a trouvé d’emblée une place de choix au répertoire.


Au moment où sort chez Virgin un enregistrement de ses deux concertos (pour violon et pour violoncelle) par Renaud Capuçon et Truls Mork, sous la direction de Myung-Whun Chung, ce sont précisément ces solistes qui en ont donné, avec l’Orchestre de Paris dirigé par Christoph Eschenbach, des interprétations d’une exceptionnelle qualité.


Dans Tout un monde lointain, le violoncelliste norvégien apporte la précision, l’aisance et la poésie que requiert cette musique à la fois millimétrée, virtuose et expressive. Obtenant un triomphe public d’un rare intensité, la démonstration n’est, bien entendu, jamais gratuite, tant l’intériorité domine cette interprétation, particulièrement dans Regard et Miroirs, jusqu’à la libération finale de Hymne.


Alors que Paris attend toujours de pouvoir entendre le récent Sur le même accord, nocturne pour violon et orchestre créé fin avril à Londres par Anne-Sophie Mutter et Kurt Masur, le violoniste français, de son côté, reprend L’Arbre des songes (1985), qu’il avait déjà donné en février l’année dernière, sous la direction de Chung (voir ici). Davantage que de profondeur ou de virtuosité, déjà optimales l’an passé, la conception semble avoir bénéficié d’une plus grande affirmation et d’un plus grand engagement de la part du soliste.


Ces deux concertos étaient luxueusement encadrés par deux œuvres purement orchestrales. Ecrit pour Rostropovitch, comme Tout un monde lointain, Timbres, espace, mouvement (1978) est donné avec son interlude, composé en 1991 pour les douze violoncelles situés au premier plan de la formation inhabituelle que requiert ce diptyque devenu ainsi triptyque. Eschenbach y privilégie l’épaisseur de la matière de la Nuit étoilée, le tableau de Van Gogh qui lui donne son sous-titre, plus que son rayonnement chaotique. De même que dans les Métaboles (1964) - en cinq parties enchaînées, comme Tout un monde lointain - une précision implacable règne du début jusqu’à la fin. Mais chacun sait que de l’exactitude peut naître la poésie. L’Orchestre de Paris, quant à lui, dispense la perfection instrumentale requise par ces partitions aussi difficiles que valorisantes.



Simon Corley

 

 

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