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Le SWR à bras-le-corps

Baden-Baden
Festspielhaus
05/18/2024 -  
Bernard Herrmann : Vertigo-Suite
Richard Strauss : Also sprach Zarathustra, opus 30
Ralph Vaughan Williams : Symphonie n° 2 « A London Symphony »

SWR Symphonieorchester, Tarmo Peltokoski (direction)


T. Peltokoski (© Andrea Kremper)


Avouons-le, ce n’est pas pour le programme, bizarre, avec des références cinématographiques qui ne tiennent guère la route, ni pour l’orchestre, un SWR fusionné qui ne s’est toujours pas remis du compactage brutal de deux phalanges en une, il y a déjà huit ans, mais bien pour découvrir le chef finlandais Tarmo Peltokoski, jeune prodige à la carrière fulgurante, qui non content de débuter un peu partout dans le monde en ce moment, à la tête des plus grands orchestres, est déjà nommé, entre autres, principal chef invité à Brême, directeur musical à Toulouse, artiste sous contrat chez Deutsche Grammophon depuis peu... Et tout ça à l’âge de tout juste 24 ans maintenant ! Est‑ce bien sérieux ?


Sérieux, c’est en tout cas le tout premier terme qui nous vient à l’esprit en voyant arriver ce petit bonhomme depuis la coulisse : de grosses lunettes d’écaille, pour tenter de donner un peu plus de consistance à un visage de chérubin, un strict costume sombre, mais porté sur un t‑shirt noir, afin d’éviter d’avoir trop l’apparence d’un lycéen de terminale qui s’est déguisé le jour de son persan... Ecoutons et voyons toujours !


Pour le côté visuel, c’est assez vite patent : une véritable autorité s’exerce sur l’orchestre, au moyen de gestes amples. Une belle envergure, en dépit de la discrétion d’une silhouette qui tente souvent de se hausser pour acquérir davantage d’ascendant. Manifestement Tarmo Peltokoski sait où il va, ce qu’il veut, et assez globalement comment l’obtenir. Maintenant, son orchestre d’un soir, toujours très massif, n’est certainement pas une phalange facile à conduire, et la suite tirée de la musique du film Vertigo d’Alfred Hitchcock n’est pas non plus la partition de Bernard Herrmann la plus convaincante, du moins quand elle se retrouve déconnectée des images pour lesquelles elle a été conçue. L’orchestration paraît lourde et le travail thématique tourne en rond, en particulier au cours d’une scène d’amour qui tergiverse autour de son climax sans trop savoir comment elle va se débrouiller pour l’attendre, et puis, tout à coup, bascule dedans. Cinématographiquement, c’est sans doute efficace, mais au concert beaucoup moins.


Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, c’est une autre affaire. Là encore pas le chef‑d’œuvre de Strauss, mais assurément un gros morceau, que Tarmo Peltokoski domine comme une leçon bien apprise. Tout est en place, l’introduction orchestrale fait beaucoup d’effet, le chef anticipe toujours bien, en paraissant savoir exactement comment négocier toutes les articulations entre les épisodes... Bref, l’ensemble se tient, mais on s’ennuie un peu. Parce que la trame de l’orchestre, qui, au demeurant, commence à sonner de façon plus cohérente avec les années, mais toujours sans transparence, reste indigeste, et puis parce que les hiérarchies restent sommaires, en particulier dans les passages de liaison, que Peltokoski ne dirige peut-être pas de façon assez construite, d’où quelques moments plutôt filandreux. Beau solo de violon de Christian Ostertag, naguère Konzertmeister du SWR Sinfonieorchester Baden‑Baden und Freiburg, et qui n’a rien perdu de son élégance.


Seconde partie en terrain inconnu, avec une Deuxième Symphonie de Vaughan Williams que l’on n’écoute vraiment pas tous les jours. Ici la référence cinématographique, déjà artificielle pour Richard Strauss (Kubrick, certes...), devient franchement contestable, s’agissant tout au plus d’une musique relativement descriptive, de l’ambiance de quartiers londoniens à plusieurs heures différentes de la journée, ponctuées ici ou là d’un carillon Big Ben plus ou moins perceptible. A la question posée par le chef lors de la première répétition « qui d’entre vous a déjà joué cette symphonie ? », absolument personne dans l’orchestre n’a levé la main, ce qui, du moins hors du Royaume‑Uni, était de toute façon assez prévisible. Quoi qu’il en soit, l’exécution est intéressante, sans fléchissement, et même si de temps à autre l’attention s’évade, faute d’un peu plus de continuité dans le discours, mais ce qui n’est sans doute pas de la faute du chef, on ne s’ennuie pas.



Laurent Barthel

 

 

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