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Le retour de Bizet à la villa Viardot Paris
Bougival (Villa Viardot)
03/24/2024 -
Georges Bizet : Variations chromatiques – Chants du Rhin – Nocturne en ré – Chasse fantastique – L’Arlésienne : Menuet (arrangement Serge Rachmaninov) – Mireille : Chœur des magnanarelles (arrangement Bizet)
Nathanaël Gouin : Paraphrase sur la Romance de Nadir des « Pêcheurs de perles »
Charles Gounod : Faust : « Chœur des soldats » (arrangement Bizet)
Nathanaël Gouin (piano)
N. Gouin
A Bougival, la réouverture de la villa Viardot, à quelques pas de la datcha de Tourgueniev, valait bien le festival organisé le week‑end dernier par les Amis de Georges Bizet, avec notamment une version pour piano de L’Arlésienne sur un texte d’Hervé Lacombe, auteur de la monographie de référence sur le compositeur, une excursion sur les deux rives du Rhin en compagnie de la soprano Marianne Croux et des pianistes Aline Bartissol et Anne Le Bozec et, enfin, un récital de Nathanaël Gouin.
Celui-ci a repris une partie de son très remarqué récital « Bizet sans paroles » paru chez Mirare. On réentend ainsi d’abord les singulières Variations chromatiques, où la variation décorative côtoie la variation à l’allemande. Sur un Erard de concert de 1898, sans doute un peu trop sonore pour un cadre assez intimiste, le pianiste séduit, au‑delà de la sûreté des doigts, par la profondeur du toucher, la densité charnue du son et la palette des couleurs, restituant à la partition sa dimension dramatique – on croit entendre une scène d’opéra miniature. Ces qualités nous vaudront de magnifiques Chants du Rhin, aux climats heureusement différenciés, un poétique Nocturne en ré, que n’aurait sans doute pas désavoué le jeune Fauré, avant qu’une coruscante Chasse fantastique ne clôture le concert.
Entretemps, les transcriptions allaient presque de soi. Le Menuet de L’Arlésienne revu par Rachmaninov confirme la générosité du jeu, comme la Romance de Nadir des Pêcheurs de perles que l’interprète transforme en paraphrase lisztienne. C’est à Bizet lui‑ même qu’on doit le Chœur des magnanarelles de Mireille et le Chœur des soldats de Faust de Gounod : Nathanaël Gouin sait rappeler l’orchestre tout en se souvenant du clavier, trouvant le juste équilibre entre les deux pôles, comme dans l’Entracte du dernier acte de Carmen donné en bis. Pianiste virtuose, brillant déchiffreur, Bizet ne dédaignait pas de sacrifier au goût de son époque pour la transcription et l’on réécoutera très vite, sur le CD de Nathanaël Gouin, la périlleuse version pour piano seul du Deuxième Concerto de Saint‑Saëns.
Pour le cent-cinquantième anniversaire d sa mort, l’association annonce une intégrale des mélodies de Bizet avec le soutien du Palazzetto Bru Zane. On l’attend impatiemment.
Le site de Nathanaël Gouin
Le site des Amis de Georges Bizet
Didier van Moere
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