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Ni feux ni tonnerre

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/21/2024 -  
Hector Berlioz : La Damnation de Faust, opus 24
Stéphanie d’Oustrac (Marguerite), John Irvin (Faust), Paul Gay (Méphistophélès), Frédéric Caton (Brander)
Chœur de Radio France, Josep Vila I Casanas (chef de chœur), Orchestre national de France, Cristian Măcelaru (direction)


J. Irvin (© Dasha Buben)


Ce concert était le premier des manifestations organisées pour célébrer les quatre-vingt-dix ans du National. Au programme ce soir La Damnation de Faust, finalement assez rare au concert, la dernière représentation parisienne datant de janvier 2020 avec Tugan Sokhiev et l’Orchestre de Paris. Dans l’historique des concerts du National jointe au programme ce soir, une seule exécution en 1985 est répertoriée, avec Sir Colin Davis, Jessye Norman, Thomas Moser et José van Dam. Il est néanmoins vraisemblable que Charles Munch, Lorin Maazel et Charles Dutoit aient également dirigé cette pièce. Dommage que l’historique exhaustif des représentations ne figure pas dans ce document consacré au jubilé.


Cette exécution ne souffre d’aucun défaut rédhibitoire. L’Orchestre national de France sonne juste, beau et précis, les solistes maîtrisent parfaitement leurs rôles, le chœur est en place : rien à dire de ces côtés‑là. En revanche, le plus souvent, la magie berliozienne n’opère pas. Le ténor américain John Irvin, appelé en remplacement de Stanislas de Barbeyrac, empêché, connaît parfaitement le rôle, qu’il a déjà interprété en 2019 et chante quasiment de mémoire. Son français est parfait, d’une totale intelligibilité et le chant raffiné, y compris lors des redoutables aiguës du duo avec Marguerite. Mais sans doute l’engagement est‑il limité, ce qui se ressent par exemple dans le magnifique air « Merci doux crépuscule » ou la géniale « Invocation à la nature », durant lesquels l’on attendrait plus d’investissement et un Faust plus tourmenté.


Paul Gay a un incontestable métier, du bagout, de l’engagement, du caractère mais il force parfois le trait et surtout la justesse est parfois approximative. Dans sa courte intervention, Frédéric Caton est parfait. Stéphanie d’Oustrac n’a pas tout à fait la voix du rôle – on le sent notamment dans les aiguës de la romance « D’amour l’ardente flamme ». En dehors de ce passage, périlleux entre tous, elle assume avec talent, justesse vocale et interprétative le rôle de Marguerite même si parfois on aimerait par goût une Marguerite plus fragile et tourmentée.


Le Chœur de Radio France, préparé ce soir par le chef catalan Josep Vila I Casanas, régulièrement invité par Lionel Sow, le directeur musical du chœur, est en place, homogène et participe à chacune de ses interventions aux différents climats de cette œuvre mosaïque qu’est La Damnation. Les voix de femmes sont plus précises que dans un passé récent.


Cristian Măcelaru dirige avec précision mais aussi malheureusement à notre goût avec trop de retenue une œuvre dont la modernité et la richesse appellent sans doute plus d’investissement et de panache. Contrairement aux propos de Faust dans la scène qui précède la chasse finale, ni feux ni tonnerre n’étaient au rendez‑vous ce soir en cet anniversaire. Dommage ! On a également regretté l’absence du chœur d’enfants dans la scène finale, ce qui fait incontestablement perdre à ce moment suspendu un peu de sa magie. On l’a compris cette œuvre difficile entre toutes mais si riche n’a pas ce soir livré ses innombrables richesses.


Le concert en intégralité sur Arte Concert :







Gilles Lesur

 

 

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