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God save Falstaff

Liège
Opéra royal de Wallonie
02/28/2024 -  et 1er, 3*, 5, 7, 9 (Liège), 16 (Charleroi) mars 2024
Giuseppe Verdi : Falstaff
Pietro Spagnoli (Falstaff), Carolina López Moreno (Alice Ford), Marianna Pizzolato (Quickly), Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (Meg Page), Simone Piazzola (Ford), Francesca Benitez (Nannetta), Giulio Pelligra (Fenton), Patrick Bolleire (Pistola), Pierre Derhet (Bardolfo), Alexander Marev (Dr Caius)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie-Liège, Denis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie-Liège, Giampaolo Bisanti (direction musicale)
Jacopo Spirei (mise en scène), Nikolaus Webern (décors), Silvia Aymonino (costumes), Fiammetta Baldiserri (lumières)


(© ORW-Liège/Jonathan Berger)


Suite de la saison à Liège avec Falstaff (1893), une production du Teatro Regio de Parme datant de 2017 : après Rusalka, il s’agit encore d’une réussite à l’Opéra royal de Wallonie.


Les notes d’intention de Jacopo Spirei se résument à quelques lignes. Sans arborer la signature d’un homme de théâtre d’exception, mais d’une transparente lisibilité, sa mise en scène répond toutefois aux attentes : l’action est sagement transposée dans l’Angleterre d’aujourd’hui, non sans quelques clins d’œil un peu faciles, comme l’Union Jack et la photographie de feue Elisabeth II, remplacée par celle de Charles III. Le décor, plutôt plaisant, alterne entre le logement, décoré de boiseries murales, de Falstaff et une rue aux immeubles de style vaguement victorien. La scénographie accuse quelques lourdeurs dans le troisième acte, mélangeant intérieur bourgeois, façades d’habitation et végétation sylvestre, mettant à mal la fluidité qui devrait idéalement y régner. Mais les interprètes obéissent à une direction d’acteur vive et naturelle, surtout dans le deuxième acte, le plus réussi. Les costumes, dans le troisième, se caractérisent par un degré d’élaboration et d’audace plus marqué que dans les deux précédents, sans constituer pour autant un ravissement absolu pour les yeux. A titre de comparaison, la mise en scène de Denis Podalydès à Lille l’année passée paraissait tout de même plus originale et intéressante, mais il ne nous déplairait pas de revoir celle de Jacopo Spirei.


L’Opéra royal de Wallonie a réuni une distribution compétente et cohérente. Pietro Spagnoli livre une excellente prestation en Falstaff, un être, dans cette production, plutôt sympathique, voire charismatique, qui ressemble un peu, de loin, à Jordi Savall, mais négligé et avec de l’embonpoint. Le baryton possède incontestablement beaucoup de talent pour la comédie, mais la grande force de son incarnation réside dans la maîtrise vocale de ce rôle. Le métier est bien celui d’un chanteur l’ayant à maintes reprises exercé dans le répertoire probablement le plus exigeant pour la voix : le bel canto de la première moitié du dix‑neuvième siècle, Rossini, Donizetti, en particulier.


Les joyeuses commères nous réjouissent aussi, même si Carolina López Moreno, qui incarne une Alice Ford sexy, et même aguicheuse, paraît un peu trop jeune à côté de Francesca Benitez, qui prête sa silhouette fine et sa voix pimpante à Nannetta, jeune fille, comme son amoureux, Fenton, à la tenue rebelle. Marianna Pizzolato possède assurément la voix, plus précisément les graves, mais aussi la carrure et la faconde requises, afin de camper avec suffisamment d’aplomb une irrésistible et truculente Quickly, tandis que Marie-Andrée Bouchard-Lesieur parvient, sans en rajouter, à conférer du relief, sur le plan théâtral, mais aussi vocal, à Meg Page. Simone Piazzola, un fort bon chanteur, lui aussi, ne rencontre aucune difficulté, par son chant et son allure, à traduire toute l’élégance et l’autorité de Ford. Malgré la beauté du timbre et l’éclat de la voix, Giulio Pelligra déçoit un peu en Fenton, moins par son jeu d’acteur que par un chant manquant de finesse et de fermeté, alors que le ténor a su mieux se distinguer, en décembre, en Tamino. Les autres chanteurs, bien connus sur la scène liégeoise, tiennent correctement les plus petits rôles de Pistola, Bardolfo et Caius, en l’occurrence Patrick Bolleire, Pierre Derhet et Alexander Marev.


Dans la fosse, Giampaolo Bisanti dirige remarquablement un orchestre effervescent et précis, mettant ainsi en valeur l’originalité de l’écriture du dernier opéra de Verdi, tandis que la beauté de la sonorité attire plus d’une fois l’attention. Les chœurs sont peu sollicités mais ils se montrent assez bien préparés.



Sébastien Foucart

 

 

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