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Tragique

Paris
Philharmonie
03/03/2024 -  et 15, 16 (Leipzig), 27 (Hamburg), 29 (Luxembourg) février, 6 (Amsterdam), 7 (Essen), 10 (Wien) mars 2024
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Le Voïevode, opus 78 – Hamlet, opus 67 – Symphonie n° 6 en si mineur «Pathétique », opus 74
Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© Marco Borggreve)


Le second concert de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig dirigé par Andris Nelsons, lui aussi entièrement consacré à Tchaïkovski, était purement orchestral. Au programme deux pièces rares, Le Voïevode, une ballade symphonique datant de 1891, et Hamlet, une ouverture-fantaisie dédiée à Grieg et créée par le compositeur en 1888. Place ensuite à la célébrissime Sixième Symphonie dite « Pathétique », œuvre ultime du compositeur russe.


L’esprit de la ballade Le Voïevode constitue une belle introduction à l’ambiance tragique commune aux trois pièces programmées ce jour. L’orchestre fait une brillante démonstration du « jouer ensemble » dès les premières mesures confiées ce soir à l’autre timbalier Mathias Müller, et ce jusqu’à l’accord final. Andris Nelsons investit chaque note, réussit chaque climat tout en étant sobre dans sa direction. Mais en conduisant chaque thème et en menant chaque transition il laisse toute sa place à la musique. Magnifique.


Même dramatisation dans la conduite de Hamlet, une pièce contemporaine de la Cinquième Symphonie et qui démontre également le talent d’Andris Nelsons, véritable narrateur d’une histoire que l’on connaît mais que l’on redécouvre ici modelée par le talent de Tchaïkovski. L’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig est l’outil parfait pour une telle pièce à la fois grave et théâtrale et il répond à la moindre indication de son chef. Cette osmose évidente est au seul service de la musique.


En seconde partie, place à la Sixième Symphonie. Et comment ne pas rendre les armes devant une telle interprétation ? Dès l’entrée des contrebasses en un impalpable pianissimo dont il est impossible de repérer le début, l’on sent que cette interprétation va séduire. Le second thème lyrique, confié à des violons à l’unisson parfait et au legato inimitable, est d’une élégance rare. Il laisse alors la place, après un pianissimo superlatif, à un allegro mené dans un tempo juste et au cours duquel les dialogues des cordes et cuivres, si difficiles à mettre en place, sont ici impeccables. La Valse qui suit voit danser le chef avec élégance mais l’interprétation n’en gomme pas pour autant une certaine gravité qui pointe derrière la danse. L’Allegro molto vivace, nouveau dialogue entre les vents et les cuivres, est conduit avec une maîtrise totale de la ligne, une incroyable tension croissante sans tomber dans le grand spectacle. Le finale (Adagio lamentoso) est très émouvant, notamment grâce à l’importance accordée aux nuances. Le choral final confié aux trombones sonne à la perfection, avant de céder la place aux contrebasses au son si riche, qui semblent comme sombrer progressivement dans le néant. Ainsi, la boucle est bouclée.


Un concert exceptionnel, comme celui de la veille, par un orchestre et un chef qui appartiennent sans aucun doute à la catégorie des très grands. La beauté sonore de cet ensemble et sa perfection d’exécution sous la direction tenue, tendue et élégante d’Andris Nelsons sont véritablement exceptionnelles.



Gilles Lesur

 

 

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